25 juin 2018
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Anthi Danaï Spathoni, « La question du paysage abstrait dans la peinture contemporaine : Cy Twombly et Gerhard Richter », Theses.fr, ID : 10670/1.9y4q1v
Si la peinture abstraite n’a pas bien sûr fait mourir la peinture figurative qui existe après elle, si elle n’a pas supprimé le paysage pictural, quel peut bien être le sens, la nature et la portée, au sein de la peinture contemporaine elle-même, du paysage abstrait ? Quelles en sont les conditions de possibilité ? A quelles conditions un paysage abstrait est-il possible, c’est à dire réalisable pour le peintre et pensable pour l’historien et le théoricien de l’art ? Telles sont les questions rectrices de cette thèse qui entend déployer et explorer le paradoxe d’un paysage séparé — ce qui est bien le sens strict d’abstrait — de l’exigence de représentation mimétique d’un espace naturel ou urbain extérieur « d’un lieu assez élevé, où tous les objets auparavant dispersés se rassemblent sous un seul coup d’oeil » selon l’expression de Fénelon. Ce déploiement et cette exploration s’effectue sur les deux exemples des oeuvres de Cy Twombly et Gerhard Richter interprétées comme deux modalités différentes d’une relève du paysage, dépassant et conservant à la fois ce dernier sur le mode de l’évocation : par un langage purement pictural, par le langage des titres et des mots dans la peinture pour Twombly, par la photographie et la photo-peinture pour Richter. A cet égard, Twombly et Richter tentent tous les deux de mettre en oeuvre aux deux sens duterme, une rupture et une continuité : entre la forme du genre paysage et l’expérience paysagère au sein de l’espace de la galerie d’exposition, entre la tradition du paysage occidental (Poussin, Turner, Friedrich) et la peinture des peintres américains contemporains (Pollock, Rothko et Rauschenberg), entre la peinture et les autres média ou les autres arts auxquels elle se confronte (la poésie pour Twombly, la photographie et la littérature pour Richter). La thèse est donc construite comme un ensemble de croisements qui rend possible le paysage abstrait renouvelant le genre du paysage, lelibérant de ses règles traditionnelles et, ainsi, l’ouvrant à des formes inédites et étonnantes.