26 juin 2017
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Zoss, « L'ironie cynique : une subjectivation sans partage », Octaviana, ID : 10670/1.a01a02...
Les pratiques performatives de l’art, en particulier celles des années soixante àsoixante-dix, présentent en leurs actes excessifs, corporels, une forme de subjectivationpolitique qui invite à reprendre la « voie courte » du cynisme antique hors des interprétationsfidèles au telos philosophique du « mieux vivre », du « bien » ou du « juste ». Cetterencontre oblige à dégager du rapport anecdotique ou documentaire une compréhensionde la matérialité des actes, de leur résistance à toute leçon rapportée après coup, bref àinterroger obstinément leur reste.D’autre part, en saisissant l’inclusion et l’exclusion sociales comme le résultat de lanaturalisation solidarisée des uns et des autres, de la discrimination des capacités et desincapacités naturelles, la mise à l’épreuve de cette solidarité devient le point nodal de laquestion égalitaire. Les actes cyniques dessinent alors les lignes qui laissent envisager lasubjectivation dans le constant retrait du sujet de son assimilation normative ou policière.L’ironie marque sans relâche ce processus en dissimulant le sujet à l’ombre de ses actes,comme la ruse d’une identification à la nature incompétente de l’exclu. C’est en effet enamplifiant la représentation naturelle de l’exclusion, en lui apportant la plus grande densitématérielle, que la subjectivation cynique ouvre une béance à la frontière qui sépare lespropriétés des inclus et des exclus. Et cette béance qui décharge l’auteur de toute subjectivité,de l’obligation de fonctionner dans le régime policier de l’inégalité, donne son lieuau désir sans sujet, celui précisément que présuppose l’égalité des sujets.