Les témoignages de viol post-#MeToo : entre performance de l'hétérosexualité et critique du système hétérosexiste

Résumé En Fr

Here, I wish to question the ongoing tensions in rape testimonies, caught between an awareness of the systemic nature of gender violence, predominantly committed by men against women, rooted in “ compulsory ” heterosexuality (Rich 2018) and thought of as a continuum (Kelly 1987), and the discursive construction of a normative, ordinary and positive heterosexuality. I analyze the extent to which la pensée straight (Wittig 1980), materialized by the heterosexual (re)presentation of self by female rape victims, is combined with a political examination of the system to which they belong and under what conditions.

Je souhaite ici interroger les tensions qui existent dans ces témoignages, entre une conscientisation du caractère systémique des violences de genre, majoritairement commises par des hommes sur des femmes, ancrées dans l'hétérosexualité « obligatoire » (Rich 2018) et pensées comme un continuum (Kelly 1987) et la construction discursive d'une hétérosexualité normative, ordinaire et positive. J'analyse dans quelle mesure la pensée straight (Wittig 1980), matérialisée par la (re)présentation de soi hétérosexuelle des femmes victimes de viol, se conjugue à un examen politique du système auquel elles appartiennent et sous quelles conditions. Dans cette présentation, je reviendrais d'abord sur la pensée straight, et l'hétérosexualité pensée comme une institution politique et une construction sociale, puis je proposerai un cadre théorique et méthodologique de l'analyse du discours. J'analyserai ensuite les tensions entre le fait d'être hétérosexuelle « pratiquante » et le fait d'être féministe « radicale » que j'ai pu retrouver dans mon corpus. Et enfin, j'ouvrirai sur la possibilité d'une sortie du marché hétérosexuel par la grève du sexe.