1 mars 2023
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Elliott Lairie, « « Sa parole est fiable » : la place de la fraude en Haute Mésopotamie et en Anatolie dans la famille de Pūšu-kēn à l’époque paléo-assyrienne », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.a13058...
Devenue célèbre en raison de leur correspondance abondante d’un demi-millier de lettres qui nous est parvenue, la famille de Pūšu-kēn était une famille de marchands d’Aššur active dans le commerce avec la Haute Mésopotamie et l’Anatolie dans la première moitié du XIXe siècle avant notre ère. Si près de 1200 kilomètres de distance séparaient Aššur de Kaneš, le kārum (comptoir commercial) central d’Anatolie, il existait néanmoins un système bien rodé de traités entre les royaumes traversés et Aššur qui, par des taxes et des postes douaniers, encadraient les flux caravaniers. Chargée de biens comme de l’étain et du textile qu’elle échangeait aux Anatoliens contre du cuivre, de l’argent ou de l’or, la famille de Pūšu-kēn voyageait régulièrement entre leur ville natale et l’Anatolie, où certains hommes se sont installés pendant plusieurs années. Si cette famille était bien intégrée dans le système des kārū, Pūšu-kēn et ses fils utilisaient néanmoins à leur avantage la relative faiblesse des autorités étatiques pour s’écarter des « chemins » tracés par les multiples traités pour faire de la contrebande. C’est à la place de l’équilibre périlleux entre légalité et fraude dans cette famille, qui illustre concrètement les dynamiques de ce commerce de longue distance, que cet article s’intéressera en particulier. Après avoir exposé leur rôle dans le commerce paléo-assyrien, nous chercherons à savoir comment leurs écarts de conduite ont été perçus par les autorités et quelles en ont été les conséquences pour la famille de Pūšu-kēn.