7 juin 2024
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Hazal Atay et al., « Vers une européanisation du droit à l'avortement? », Archive ouverte de Sciences Po (SPIRE), ID : 10670/1.a1cf96...
L’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est paradoxalement un grand révélateur des clivages politiques qui traversent l’Union. Bien que relevant principalement des compétences nationales, le droit à l’avortement est remis à l’agenda électoral européen du fait de l’inégalité des législations qui oblige de fait les femmes de certains États membres à voyager pour y avoir accès. L’initiative citoyenne européenne Ma Voix, Mon Choix, déclenchée un mois et demi avant les élections de juin 2024, propose un mécanisme pour faciliter ces voyages. Elle a récolté plus de 350 000 signatures en quelques semaines. Cette mise à l’agenda se fait aussi au niveau des États membres. Lors de son discours prononcé à l’occasion de la cérémonie de scellement de la révision constitutionnelle du 8 mars 2024, le président de la République Emmanuel Macron précise que « nous ne trouverons le repos que lorsque cette promesse sera tenue partout dans le monde ». Le droit des femmes à pouvoir disposer de leur propre corps est aujourd’hui remis en question jusqu’au sein de l’Union. L’élection de Roberta Metsola, députée européenne maltaise ouvertement anti-avortement, à la présidence du Parlement européen en 2022 avait fortement marqué les esprits. La Pologne et la Hongrie ont récemment rendu plus difficile l’accès à l’IVG, alors même que les pays de l’Union qui sont plus favorables restent en deçà des préconisations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur le sujet. Les équilibres politiques issus des élections européennes de 2024 seront donc déterminants pour l’avenir des droits des femmes sur le continent.