2015
Copyright PERSEE 2003-2024. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Delphine Durand, « L’anthropophagie mystique dans l’art et la littérature fin-de-siècle : signe annonciateur d’une apocalypse », Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques (documents), ID : 10670/1.a39552...
Le propre de la littérature et de l’art fin-de-siècle (1880-1900) fut d’organiser ses espaces fantasmatiques selon une topologie décadente. L’exemple du martyre de saint Jean-Baptiste synthétise toute la rhétorique du cannibalisme mystique. L’art fin-de-siècle réinterprète les textes bibliques et reprend la question de l’anthropophagie rituelle. Ainsi, le banquet d’Hérode anticipant la Cène eucharistique permet de subvertir l’interdit puisqu’il s’agit de se repaître de chair et de sang dans un festin religieux, phénomène d’inversion qui connaît un développement intense entre 1870 et 1914. La fin du XIXe se réapproprie le cannibalisme mystique qui prône l’inverse du mot de l’Évangile : « Heureux les affamés et les assoiffés car ils seront rassasiés. » Dans la peinture et la littérature, la tête de Jean-Baptiste incarnant l’éternelle dévoration d’une époque en crise substitue le sacrifice à l’art et préfigure les guerres à venir.