De la difficulté scolaire au handicap, un nouveau mode d’exclusion ? À propos du parcours de trois enfants

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2021

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Frédéric Laure et al., « De la difficulté scolaire au handicap, un nouveau mode d’exclusion ? À propos du parcours de trois enfants », La psychiatrie de l'enfant, ID : 10670/1.a5dihw


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L’article propose une étude critique du phénomène de médicalisation voire « handicapisation » de la difficulté scolaire. Chaque année, il est en effet constaté une augmentation considérable du nombre d’enfants en difficultés dans l’école pour apprendre ou devenir élèves qui basculent vers le champ du handicap. L’hypothèse soutenue ici est que cette inflation numérique révèle des défaillances dans le diagnostic et la prise en charge de la difficulté scolaire, défaillances qui font encourir le risque d’un basculement abusif de la difficulté vers le handicap. Après être revenus sur les mutations anthropologiques qui composent un terreau fertile à un tel phénomène, nous interrogeons les différentes politiques publiques et leurs instances qui ont conduit à ce basculement du pédagogique vers le médical, plus spécifiquement neurologique. Nous montrons comment la loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances a été utilisée et déviée, sur le terrain, de son principe fondateur pour compenser et soulager les pédagogues de choix politiques et idéologiques dans la prise en charge de la difficulté scolaire, notamment l’affaiblissement des RASED. Trois situations cliniques sont étudiées : elles nous permettent de comprendre du dedans ce qui se joue entre parents, enseignants, éducateurs et soignants dans cette absence de mise en sens et cette urgence de solutions rapides. La constitution d’un dossier de demande de reconnaissance de handicap à destination de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) s’effectue sans qu’un véritable travail de réflexion collective, notamment sur les plans pédagogique, psychopédagogique et psychopathologique, ait pu avoir lieu, et ce, malgré une surabondance de bilans. Nous montrons comment les « équipes éducatives », qui préexistent à la constitution des dossiers à destination de la MDPH, peinent à être des lieux où l’élève se pense dans son environnement au sens large et, où, de plus en plus, la logique de la compensation des manques individuels domine sur celle de l’accessibilité aux savoirs.

This article offers a critical study of the phenomenon of the medicalization, or even the “disabilization”, of learning difficulties. Indeed, each year there is a considerable increase in the number of children who, after struggling with learning or with becoming students, shift over to the field of disability. The hypotheses supported here are that this numerical inflation reveals failures in the diagnosis and management of learning difficulties and that such failures run the risk of shifting difficulty into disability in an improper manner. After reviewing the anthropological changes that have created fertile ground for such a phenomenon, we examine the various public policies and associated institutions which have brought about this shift from the educational over to the medical and, more specifically, to the neurological. We show how the 2005 law for equality of rights and opportunities has, in this context, been exploited and diverted away from its basic principle, which was to protect and support educators from political and ideological decisions with respect to the treatment of learning difficulties, particularly the weakening of Réseau d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté (RASED [Network of Specialist Assistants for Struggling Pupils]). Three clinical situations are studied: they allow us to understand from the inside what unfolds between parents, teachers, educationists, and caregivers in the context of this lack of direction and this rushing towards quick fixes. In spite of an overabundance of checklists and evaluations, the putting together of a disability recognition application file for the Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH [Departmental Center for Disabled People]) is carried out without there being room for any real work of collective reflection upon the case, particularly in terms of pedagogy, psychopedagogy, and psychopathology. We show how the “educational teams”, which exist prior to the putting together of the files due for the MDPH, struggle to be spaces in which pupils are considered in their broader environment. We also show that, in these contexts, the logic of compensation for individual failings increasingly dominates over that of accessibility of knowledge.

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