« Era nato uno monstro, cossa horendissima ». : Monstres et tératologie à Venise dans les Diarii de Marin Sanudo (1496-1533)

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2004

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Andrea Martignoni, « « Era nato uno monstro, cossa horendissima ». : Monstres et tératologie à Venise dans les Diarii de Marin Sanudo (1496-1533) », Revue historique, ID : 10670/1.a5hh3p


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RÉSUMÉ À la lumière des Diarii de Marin Sanudo, chronique vénitienne rédigée entre 1496 et 1533, l’enquête vise à saisir la figure emblématique du monstre en cette fin de Moyen Âge et début d’époque moderne. Les nombreux témoignages livrés par le chroniqueur offrent l’occasion non seulement de revenir sur une présence, celle du monstre, qui se veut paroxystique, proposant ainsi une esquisse typologique de la figure monstrueuse, mais aussi de rendre compte des particularités qui lui sont propres, liées à une nature qui s’impose comme autre. Replacés dans un contexte historique sensible et particulièrement propice aux signes eschatologiques, aux frémissements religieux qui se teintent de couleurs paniques, les monstres suscitent le désir de compréhension, de regard, de connaissance. Le monstre interroge et sa présence semble hanter l’imaginaire collectif. Moins proche des figures étranges surgies de cet Orient merveilleux qui fascinait l’Occident, le monstre des Diarii ressemble plus à l’humain déformé dans l’excès ou dans la soustraction des parties corporelles. Il reste néanmoins signe et donc langage autre perçu dans une tension sensible entre la curiosité et la répulsion. Il est signe à replacer dans les desseins de Dieu, il est métaphore monitoire de la colère divine qui condamne l’humanité pécheresse. Enfin, le monstre devient aussi instrument politique, langage de propagande. Le pouvoir s’intéresse à lui, nouvel oracle à consulter ou à faire taire à jamais. Dans sa polyphonie de significations, de fonctions et de formes, le monstre se montre et doit être montré parce qu’il est toujours porteur de sens qui le transcende.

Based on the Venetian chronicle Diarii written between 1496 and 1533 by Marin Sanudo, this research work aims at seizing the importance of the symbolic figure of the monster in those crucial decades when the Middle Age was fading away and the Modern Age was beginning. On the one hand, the many testimonies supplied by the chronicler allow us to look at the paroxysmal figure of the monster from the point of view of its typological descriptions, but on the other hand the chronicler also reveals the many particularities which are peculiarly associated with this monstrous figure. These particularities tend to represent the monster as an entirely different natural entity. Put into an historical context particularly sensitive and receptive towards eschatological signs and towards distressing expressions of religious ardour, the figure of the monster stimulate our desire of comprehension and of knowledge. The monster hits the sensibility of the believers and the unanswered fearful questions elicited by its enduring presence seem to obsess the collective imaginary. Differently from the strange but marvellous Oriental creatures that strongly fascinated the West, the monster depicted in Marin Sanudo’s Diarii looks in the excess or absence of its physical limbs more a deformed human being than an unnatural creature. Nevertheless, the monster is sign and symbol of a different language, perceived by the believers with mixed feelings of curiosity and repulsion. Certainly, it is a sign that needs interpreting within the boundaries of the divine scheme. From this point of view, the monster is the visible and warning metaphor of God’s anger at men, a God ready to punish a sinful humanity. But the monster also becomes a political tool in the hand of the authorities, it becomes an effective tool of propaganda. With its polyphony of significations, of functions and of shapes, the monster reveals itself and needs to be revealed, because in spite of its difference and variety its appearance and presence is always carrier of meaning.

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