2011
Cairn
Didier Fassin, « Évaluer les vies essai d'anthropologie biopolitique », Cahiers internationaux de sociologie, ID : 10670/1.a5t9yh
La plupart des études, analyses et critiques portant sur l’évaluation s’attachent à la gouvernance des affaires humaines, autrement dit la part managériale et technocratique de la politique. En revanche, on s’est peu efforcé de comprendre le gouvernement des êtres humains, et singulièrement les dispositifs et procédures d’évaluation des vies. C’est à cette anthropologie biopolitique qu’est consacré le présent article. La distinction entre les dimensions morale et éthique de l’évaluation permet d’aborder successivement deux questions générales : comment on juge les vies ; ce que valent des vies. L’évaluation morale concerne les formes de jugement sur le bien et le vrai à l’œuvre dans les justices distributive, rétributive et attributive au-delà des principes dont elles se réclament. L’évaluation éthique met à l’épreuve l’égalité des êtres humains et le consensus autour de la vie comme bien suprême en révélant les profondes disparités de fait dans l’appréciation des existences.