2019
Cairn
Jean Jourd’heuil, « Des cathédrales sans sépulture canoniale (1200–1500) : le cas de Chartres et de quelques autres », Le Moyen Age, ID : 10670/1.a6448c...
On pense souvent que les chanoines sont nécessairement inhumés dans leur cathédrale, surtout à la fin du Moyen Âge. Or aucun des nombreux testaments de chanoines de Chartres n’y élit sépulture. Il y a même une grande dispersion de leurs corps dans la cité et ses faubourgs. Aucun évêque n’est inhumé dans sa cathédrale. Cette pratique est parfois justifiée par l’existence d’un interdit. Les chanoines et les évêques finissent par expliquer que Notre-Dame est une église fondée avant l’Incarnation et qu’elle mérite à ce titre la préservation de la virginité de son sol. L’absence de toute sépulture dans une cathédrale française passerait pour extraordinaire, mais la comparaison avec d’autres cathédrales révèle que l’interdit des corps est attesté au xiiie siècle dans plusieurs cités, et plus tard encore : à la fin du xve siècle, celui-ci se retrouve à Saint-Jean de Besançon et peut-être aussi au Puy. Une cathédrale et ses abords immédiats ne doivent plus être perçus comme les lieux nécessaires de l’inhumation des chanoines entre 1200 et 1500.