2021
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Mathieu Claveyrolas, « Guyanese Madrasis in New York City: 'it's all about progress!' », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.a6e8e6...
Mon article est basé sur un terrain récent au sein de la communauté indo-guyanienne de New York. Après son indépendance en 1966, le Guyana a été le théâtre de violences ethniques entre les descendants d’esclaves « afro-guyaniens » et les descendants « indo-guyaniens » des 230 000travailleurs sous contrat qui ont été amenés d’Inde entre 1838 et 1917. Suite à ces violences, un grand nombre de Guyaniens ont émigré en Amérique du Nord depuis les années 1990, surtout à New York où ils sont aujourd’hui 140 000. Je me concentre sur la communauté « Madrasi », un terme qui fait référence à une origine (géographique) tamoule mais aussi à une version populaire de l’hindouisme. La communauté indo-guyanienne est loin d’être homogène : même au sein de la majorité hindoue, les différentes appartenances sectaires jouent un rôle crucial dans les mobilisations politiques, de même que la fracture entre Tamouls et Hindous d’Inde du Nord. En tant que « double-migrants » prototypiques, les Indo-Guyaniens de New York se mobilisent et circulent constamment entre trois grands cadres historiques et culturels : l’Inde et l’indianité, le Guyana et la créolité, et la diaspora contemporaine de New York.Mon article se penche sur l’activisme social sponsorisé par les associations religieuses hindoues à New York City, en se concentrant sur l’interconnexion entre les mobilisations politiques fondées sur le contexte guyanien (stigmatisation anti-Madrasi parmi les communautés non-hindoues et hindoues orthodoxes) et les enjeux contemporains de New York (visibilité dans le contexte local hautement multiculturel ; nécessité de dés-ostraciser et de revaloriser les rituels populaires ; promotion d’une tradition « progressiste » engagée dans la « dévotion écologique » et l’égalité des sexes, par exemple). Je soutiens que c’est précisément en mobilisant constamment les connexions et les ruptures entre lesdifférents « espaces » et strates historiques (Inde, Guyana, New York) que la tradition madrasi a réussi à s’enraciner dans le contexte new-yorkais.