2015
Cairn
Colette Chiland, « Réalité biologique et réalité psychique à l’adolescence : confirmation de l’identité sexuée et de l’orientation sexuelle », Revue de l'enfance et de l'adolescence, ID : 10670/1.a6wx1k
L’adolescence a connu de grands changements : l’ado d’aujourd’hui a une liberté bien plus grande, mais est pris dans une contradiction entre un accès à la sexualité, une majorité à 18 ans d’un côté, l’allongement de la formation et des études et l’accès retardé à une autonomie économique.Une rigueur dans l’emploi des mots s’impose si l’on veut rendre possible de raison garder dans des échanges très passionnels. Il faut revenir au texte fondateur de John Money (1955) : le genre est le statut social en fonction du sexe, présent dans toutes les sociétés, mais variable, donc largement arbitraire. Tandis qu’on ne peut pas changer de sexe (mais seulement d’apparence), on peut changer de statut. Le sexué a trait à la distinction de sexe, le sexuel à la conjonction des sexes. L’identité sexuée se situe sur trois plans : bio-logique, psycho-logique et social et ne doit pas être confondue avec l’orientation sexuelle. Le terme « genre » a connu une inflation telle qu’il a perdu son sens originel ; il aboutit au déni de la réalité bio-logique et ne désigne plus le statut social en fonction du sexe, mais une réalité psyché-délique supérieure à la réalité bio-logique.La construction de l’identité sexuée est une longue histoire qui commence avant même la conception dans la tête des parents et dès la conception dans le corps du bébé qui est d’emblée sexué. À l’adolescence, les caractères secondaires vont rendre manifeste la différence de sexe qui n’apparaissait que dans les organes génitaux externes. Et la question de l’orientation sexuelle va se poser dans sa plénitude, soulevant pour certains de grandes angoisses. Le refus du sexe d’assignation peut conduire à une demande de changement de statut avec ou sans marque corporelle de ce statut.Allons-nous vers une société plus ouverte ou allons-nous rendre la vie de plus en plus compliquée pour les ados en prétendant qu’on peut choisir son sexe ou que l’hétérosexualité n’est pas une pratique sexuelle, mais un système politique ?