2009
Cairn
Rigas Arvanitis et al., « Existe-t-il une gouvernance des systèmes d'innovation en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ? », Maghreb - Machrek, ID : 10670/1.a79bj6
L’objet de cet article est d’évaluer le niveau de développement atteint par quatre pays MEDA (l’Égypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie) en termes d’innovation. Malgré le fait que les contours d’un tel concept fassent encore l’objet de discussions et de controverses, nous avons choisi d’aborder ce sujet selon une optique particulière : celle de la gouvernance des politiques Maghreb-Machrek, N? 202, Hiver 2009-2010 d’innovation. Cette approche nous semble la plus adaptée au contexte de pays où « un système national d’innovation », dans son acception la plus stricte, n’est pas encore de mise. Les résultats auxquels nous aboutissons montrent que même s’il est incontestable qu’il existe aujourd’hui une volonté politique réelle dans la plupart des pays de la région à développer leur économie par l’intermédiaire des leviers de la R&D et de l’innovation, néanmoins les maillons faibles de leur système sont encore nombreux : la politique de l’État a surtout servi à développer la recherche publique alors que les tentatives récentes relatives à la mise en place d’une politique nationale d’innovation sont restées sans effets notables sur les économies ; la raison serait, selon nous, liée au fait qu’elle a eu souvent du mal à être acceptée (appropriée) par les divers opérateurs économiques (dans une approche qui serait top down) ; la politique d’innovation semble hésitante et discontinue malgré le volontarisme affiché car plutôt circonstancielle (changements au Maroc, en Tunisie, en Jordanie, en Égypte) ; la recherche scientifique existe mais reste paradoxalement le fruit d’efforts individuels des chercheurs et l’innovation, en plein développement, renvoie à une démarche strictement économique et portée par les entreprises qui la plupart du temps méconnaissent les mesures mises en place par l’État. Nous en concluons que dans ce « monde de l’innovation » si le rôle de l’État peut sembler prépondérant il reste de « façade », car par trop peu efficace peu influent.