Chronobiologie de la physiologie orgasmique féminine

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2019

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Sexologies

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Gérard Zwang, « Chronobiologie de la physiologie orgasmique féminine », Sexologies, ID : 10670/1.a818i4


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L’objet de cette communication est de bien mettre en lumière la nécessaire intervention du facteur temps dans l’établissement puis la survenue de l’orgasme féminin. La physiologie de cet orgasme a longtemps été un sujet de débat. En raison de la tardive puberté humaine, le vagin n’est pas fonctionnel pour l’accouplement jusqu’au milieu de la deuxième décennie de l’existence, bien qu’on puisse repérer des signes de recherche de plaisir orgasmique qui se manifestent dès la première enfance. Première constatation de l’intervention de la temporalité dans la physiologie féminine. Pendant la phase pré-pubertaire l’appétit orgasmique trouve un assouvissement par la stimulation clitoridienne. Activé par les sollicitations, le clitoris permet la maturation du réseau anatomo-physiologique qui assurera la survenue du réflexe orgasmique pendant ce qu’il faut considérer comme une période de sensibilité de six-sept ans. Deuxième manifestation de la temporalité, au-delà de cette période, le réflexe devient difficile à établir, ou ne s’établira jamais. Une fois établie, il se déroule, comme chez l’homme, à la troisième phase temporelle de la réaction sexuelle décrite par Masters et Johnson, après la phase d’excitation puis la phase en plateau. L’orgasme d’origine coïtale émane du vagin, parfois pressenti par les manœuvres solitaires de sciage périnéal. Il ne peut apparaître et s’installer qu’après un indubitable quantum temporel suivant la défloration quelle qu’en soit l’origine (auto ou hétéro stimulation). La durée de ce quantum dépend des circonstances de la vie sexuelle personnelle, mais on peut émettre l’hypothèse d’une période de sensibilité suivant la défloration au-delà de laquelle le déclenchement du réflexe orgasmique à point de départ vaginal sera difficile sinon impossible. Cette période de sensibilité s’affine par la pratique coïtale régulière avec un partenaire attentif ou par manœuvres personnelles. Il s’agit d’un apprentissage progressif de la maîtrise des sensations érogènes pour faire éclore le réflexe, lequel est plus long au départ à déclencher que chez l’homme. Discussion : obtenu par les stimulations personnelles de l’enfance, l’orgasme d’origine clitoridienne est nécessaire à la maturation anatomo-physiologique du substratum corporel déclenchant le réflexe. La répression morale – voire médicale – de l’autoérotisme infantile, sous prétexte qu’il n’est pas nécessaire à l’engendrement, a été une grave erreur, une fois reconnus l’influence des croyances éducatives et la place de l’appétit orgasmique humain propre à l’espèce ; ainsi l’excision clitoridienne est un crime le plus souvent irrémédiable. Impossible à déclencher par le coït ou d’autres stimulations pendant la longue période pré-pubertaire humaine, l’orgasme d’origine vaginale pourrait apparaître comme la récompense du bon comportement reproducteur dans une optique éthologique, ou comme obligatoire à la procréation selon les vieilles thèses y compris chrétiennes issues de la pensée hippocratique. Il n’en est rien. La femme n’a pas besoin de l’orgasme pour entreprendre une grossesse, affirma à juste titre Aristote. Elle en a cependant l’appétit dès l’enfance et installe personnellement le substratum du réflexe – sinon il n’apparaîtra jamais. Que l’orgasme puisse être ressenti au cours du coït est à l’origine du puissant lien fondant le couple. Cette entité biparentale dans un couple monogame fut nécessaire à la protection des jeunes humains, nés en grande immaturité dans un environnement dangereux. Installée depuis au moins le Paléolithique, accaparant motivations et organes à la fonction reproductrice, la fonction érotique humaine, unissant le couple sur l’échange orgasmique mutuel, serait donc évolutivement apparue pour favoriser la survie de l’espèce. Elle comporte cependant certains aléas temporels – apparition secondaire de l’orgasme coïtal féminin, nécessité de la retenue masculine – auxquels hommes et femmes doivent désormais s’adapter.

The objective of this paper is to highlight the importance of the time factor in the development and onset of the female orgasm. The physiology of the female orgasm has been a subject of discussion for many years. The late onset of human puberty makes the vagina impracticable for intercourse before the middle of the second decade of life, despite an appetite for orgasm being present from early childhood; this is the first observation of the importance of the time factor in female physiology. During the pre-puberty period, the appetite for orgasm can only be satisfied by the clitoris. Activated by stimulation from the subject herself, the clitoris matures the anatomo-physiological network that ensures the development of the orgasmic reflex, throughout what should be considered as a period of sensitivity for six or seven years; our second example of the importance of the time factor. After this period, the reflex is very difficult to elicit, or may even never be. Once it has been elicited, it will occur, in the same way as for males, during the third phase in the sexual response cycle as described by Masters and Johnson, following the arousal phase and the plateau phase. Orgasm during intercourse emanates from the vagina, sometimes building up from solitary perineal contractions with crossed legs. It can only occur and re-occur after an irrefutable period of time following the loss of virginity. The length of this period of time will depend on the circumstances of the individual's personal sex-life. But it can be suggested that there is a period of sensitivity after the deflowering, after which it would be difficult, or perhaps even impossible, to elicit the reflex. This period of sensitivity should therefore be put to good use by having regular intercourse with an appropriate partner during this time. It is particularly important to know how to control one's erogenous feelings in order to consolidate the reflex, which at first can be longer to trigger than for a man. Discussion: clitoral orgasm, obtained by solitary stimulation during childhood, is necessary for anatomo-physiological maturity of the corporate substrate that triggers the reflex. Repression of childhood masturbation for moral, or even medical reasons, on the grounds that it is not necessary to reproduction, is a serious mistake, once the human appetite for orgasm has been recognized; female genital mutilation (FGM) is a crime, and usually irreparable. Vaginal orgasm, impossible to trigger through intercourse during the long pre-puberty period for human beings, might be seen as the “reward” for good reproductive behaviour from an ethological standpoint, or necessary for reproduction according to old-fashioned ideas, including Christian beliefs resulting from Hippocratic theory. But this is not the case at all. Females do not need to reach orgasm to become pregnant, as already reported by Aristotle in his day. But they do desire orgasm from childhood onwards, and personally lay down the reflex substratum themselves, otherwise it would never appear. The existence of vaginal orgasm through intercourse is the basis for the strong bond laying the foundations of the couple. This bi-parental unit in a monogamous partnership was necessary for the protection of young human beings, born helpless in a dangerous environment. Human erotic function, in place since at least the Paleolithic Age, monopolizes motivations and organs for reproduction and unites the couple on the basis of mutual orgasm, and is thought to have evolved to support survival of the species. It encompasses a certain number of temporal vicissitudes–secondary emergence of female vaginal orgasm, need for restraint on the man's part, to which both men and women alike must now adapt.

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