Apathie, traumatisme et guerre

Résumé Fr En

L’attaque russe contre l’Ukraine a ouvert des questions sur les mécanismes psychologiques à l’œuvre dans les régimes postsocialistes, qui peuvent permettre d’expliquer la passivité des citoyens en Russie. Le régime autoritaire s’appuie sur l’apathie qui n’est pas différente de celle de l’ancien temps soviétique. Dans un pays où ce n’est plus un secret que le mensonge et la triche mènent au succès, pour beaucoup de gens l’apathie prend des formes variées : désintérêt pour la lutte politique, cynisme et démission face au pouvoir autoritaire. Les peuples ukrainiens victimes de l’agression russe qui fuient leur pays sont confrontés à de graves traumatismes qui pourraient persister de nombreuses années. L’article examine des exemples psychanalytiques de traumatismes de guerre chez les Bosniaques et chez d’autres réfugiés accueillis aux États-Unis. Il examine particulièrement l’incapacité des réfugiés à mettre leur expérience traumatisante en mots et la difficulté à s’installer dans leur nouveau pays. 

The Russian attack on Ukraine raised questions about the psychological mechanisms at work in post socialist regimes, which have allowed for the passivity of the citizens in Russia. The authoritarian regime there relies on an apathy which is not dissimilar to the one in the old Soviet times. In a country where it is no longer a secret that lying and cheating lead to success, apathy, for many people, takes various forms: disinterest in the political struggle, cynicism and resignation in the face of the authoritarian power. Ukrainian people who are victims of Russian aggression and are fleeing from their country face severe traumas that might last for years. This essay investigates some psychoanalytic examples of war traumas among Bosnian and other refugees who have escaped to the usa. It particularly focusses on the inability of the refugees to verbalize the traumatic experience and the difficulty of settling in the new country.