Les gacaca du Rwanda : justices traditionnelles ou justices transitionnelles ?

Résumé Fr En

La présente contribution se propose de pointer des traits saillants de la procédure déployée devant les gacaca, tribunaux communautaires qui fonctionnèrent au Rwanda entre 2001 et 2012 pour juger les auteurs du génocide de 1994. S’il est trop tôt pour en dresser un bilan complet, on peut d’ores et déjà rapprocher ces audiences inédites des commissions Vérité et réconciliation qui ont fonctionné depuis les années 1980 en Amérique du Sud, puis en Afrique du sud, pour tenter d’établir, elles aussi, un dialogue entre victimes et bourreaux, et par là, proposer au moins une vérité commune, hors de la stricte vérité judicaire. Les gacaca n’ont pas rempli totalement cette mission difficile, tant en raison d’un but trop ambitieux que d’une procédure ne protégeant pas assez les témoins.

This contribution proposes to highlight the salient features of the procedure before the gacaca community courts which operated in Rwanda between 2001 and 2012 to judge the perpetrators of the 1994 genocide. Although it is too early to make a full assessment, we can already compare these novel hearings with the truth and reconciliation commissions that have been operating since the 1980s in South America, and then in South Africa, which have also attempted to establish a dialogue between victims and perpetrators, and in doing so, to arrive at least at a shared truth outside of the strict judicial truth. The gacaca courts did not fully fulfil this difficult mission, partly because of goals being set too high and partly because the procedure did not provide witnesses with sufficient protection.