2016
Cairn
Jean Goux, « Concordances et dissidences entre économie et littérature », L'Homme & la Société, ID : 10670/1.a9cabb...
Entre littérature et vie économique, deux grands types de rapports ont émergé en France à partir des années 1830, années du basculement dans l’ère de l’argent tout puissant. D’une part, un rapport de concordance ou de correspondance lorsque la littérature reconnaît l’importance centrale des affaires d’argent dans la société nouvelle, des passions et des intrigues qu’elles génèrent, et représente un monde dominé par les intérêts économiques. Le genre roman devient le genre littéraire majeur du xixe siècle, en accord avec les énergies et les fins du libéralisme économique. Il y a d’autre part un rapport d’antagonisme, d’opposition, lorsque le romancier ou le dramaturge expose à travers ses personnages une attitude fortement critique envers les valeurs de cette nouvelle société. La littérature décline les figures les plus radicales et souvent les plus caricaturales de l’ homo œconomicus, et elle campe aussi des personnages tout à fait contraires au postulat théorique des économistes, des personnages dont les ressorts profonds ne sont pas la satisfaction de l’intérêt pécuniaire, la maximisation de leur profit économique, mais d’autres ressorts comme l’amour, la foi, ou le goût pour l’influence politique. Parallèlement se révèlent les multiples rapports entre monnaie et langage.