The Immigrant Body under Medical Examination at the Swiss Border: (In)Security, (In)Visibility and Labour Le corps immigré à l’épreuve du contrôle sanitaire de frontière en Suisse : (in)sécurité, (in)visibilité et mise au travail En Fr

Résumé En Fr

This article looks into the medical exam that foreign seasonal workers had to undergo on arrival in Switzerland during the second half of the 20th century. While the country’s authorities presented this medical inspection as a mere “formality” established “in the workers’ own interests,” the testimonies of those who experienced it offer an entirely different account, pointing to its dehumanizing and distressing nature. The article showcases the limits of the official “health discourse” and suggests that the medical exam was not solely a response to public health imperatives. The hypothesis of the article is that the examination carried out by Switzerland at the border occupied a central place within a panoptic system designed to put immigrants to work. This rite of passage, whereby the naked body had to allow itself to be gazed upon and appear transparent, played a part in the disciplinary socialization of seasonal workers: it inaugurated their immersion in a “field of total visibility” (in Foucault’s sense) instituted by the Swiss state for the purposes of control and in the name of security. While the medical exam brought about powerful domination effects, the article considers resistance in the form of strategic invisibilities.

Cet article porte sur le contrôle sanitaire auquel les travailleur·euse·s étranger·ère·s saisonnier·ère·s devaient se soumettre à leur arrivée en Suisse durant la deuxième moitié du XXe siècle. Alors que les autorités du pays présentaient cette visite médicale comme une simple « formalité » conçue « dans le propre intérêt des travailleurs », les témoignages de celles et ceux qui l’ont vécue offrent un tout autre récit, pointant son caractère déshumanisant et insécurisant. L’article met en relief les limites du « discours sanitaire » officiel et suggère que la visite médicale ne répondait pas uniquement à des impératifs de santé publique. La thèse défendue est que l’examen pratiqué par la Suisse à l’entrée de son territoire occupait une place centrale au sein d’un dispositif panoptique de mise au travail. Ce rite de passage où le corps, dénudé, devait se laisser observer, se montrer transparent, participait à la socialisation disciplinaire des saisonnier·ère·s : il inaugurait leur immersion dans un « champ de visibilité totale » (au sens de Foucault) institué par l’État suisse à des fins de contrôle et au nom de la sécurité. Si la visite médicale drainait avec elle de puissants effets de domination, l’article pense les résistances sous la forme d’invisibilités stratégiques.