31 décembre 2021
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Simon Paye, « Le sentiment de manquer de temps à l’épreuve du confinement », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10.4000/temporalites.9319
Certains auteurs ont avancé que le premier confinement de 2020 avait profondément remis en cause nos manières d’appréhender le temps. Cette affirmation est ici discutée à partir de l’étude empirique des variations d’une dimension des rapports au temps – le sentiment de manquer de temps – avant la crise sanitaire, pendant le premier confinement (qui fut particulièrement strict), et pendant le second confinement (qui fut moins restrictif). L’analyse statistique de données de quatre enquêtes en population générale met en évidence une atténuation d’ensemble du sentiment de manquer de temps pendant le premier confinement, puis un retour partiel à la normale pendant le second confinement. La complainte du manque de temps n’a donc connu qu’une éclipse de deux mois avant de reprendre une place plus centrale dans le quotidien des Français. La rémanence des rapports au temps se manifeste également dans la remarquable stabilité de la polarisation sociale du sentiment de manque de temps, qui concerne, aussi bien en confinement qu’en temps « normal », davantage les classes supérieures, les âges médians et les femmes. Ces résultats prennent sens dans une approche sociologique des rapports au temps, saisis comme une des composantes premières du rapport au monde des individus, ancrée dans des rapports sociaux, notamment de classe et de genre.