6 juin 2019
Martine Kaluszynski, « Le fichage policier sous la IIIeme république ou l’identification comme pratique constructrice de l’Etat », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.acbmkc
Le fichage est né d’une nécessité de surveillance, mais avant tout d’identification des populations. Si les artisans, puis les ouvriers ont été la cible de ce « contrôle » au début du XIX éme siècle avec le livret ouvrier, on doit au souci, d’enrayer la criminalité et surtout la récidive, la mise en place de vraies techniques de « fichage » La IIIe République a mis en place un nouveau système d'ordre. A quelques ajustements près, il survivra pendant toute la période. A la même époque d'ailleurs, dans les grands pays voisins, notamment en Angleterre, on observe une recomposition analogue. Les instruments d’identification se sont sophistiqués au fur et à mesure des progrès techniques et sont les moteurs d’une philosophie politique républicaine qui s’installe et s’ancre de manière durable. Ils mettent en œuvre une orientation politique, sans doute tâtonnante à ses débuts mais qui très rapidement se structure et construit dans un premier temps une politique pénale, puis s’étend dans un second temps, à une politique de maintien de l’ordre et de mise en ordre de la société. L'établissement rigoureux des signalements des prévenus, juxtaposé à une technique rationnelle de classement, aboutira à l'instauration d'un fichier judiciaire élaboré et efficace. Ces éléments formeront la clef de voûte du système anthropométrique.Le cheminement de cette méthode, son application, ses résultats et ses conséquences montrent à quel point elle fut une pratique permettant d'établir dans un premier temps le maintien de l'ordre et la répression, et dans un second temps l'instauration d'une technique (et d’une « politique ») républicaine de gouvernement fondée sur l'identité.et l'identification comme condition élémentaire de la répression et pratique constructrice de l’Etat