2024
Cairn
Franz Kaltenbeck, « Le symptôme-art », Savoirs et clinique, ID : 10670/1.ae9367...
Pour Freud, l’artiste n’est pas un patient, mais un sujet supposé savoir faire avec sa jouissance. Il n’a pourtant pas échappé à Freud qu’une souffrance, une maladie se révèlent dans l’acte de création. Et c’est la mobilisation de la libido dans l’amour, comme celle de la pulsion de mort dans la sublimation, qui rappellent cette maladie (du surinvestissement narcissique, en 1914, et de la libération de la pulsion de mort suite à la désintrication des pulsions, en 1923). C’est Jacques Lacan qui articulera, dans les années 1974-1976, l’art au symptôme. Cela veut dire qu’à la différence des élèves de Freud, il ne croit pas que l’œuvre d’art nous donne accès à l’inconscient de l’artiste. On a souvent parlé à ce propos de l’œuvre d’art comme d’une suppléance. C’est un autre aspect qu’aborde ici Franz Kaltenbeck, mettant en évidence le côté « offensif » du symptôme-art, c’est-à-dire orienté vers l’autre d’une façon « pas si différente de l’acte analytique », utilisant même parfois un « transfert de créativité ». Franz Kaltenbeck en donne des exemples : Peter Weibel se faisant le chien de Valie Export à Vienne en 1968, Samuel Beckett se faisant dans son écriture le vecteur du rayonnement de Giorgione, Dieter Roth installant ses œuvres dans l’éphémère le plus concret, afin que le spectateur ne ferme pas les yeux sur le déchet, le ratage.