25 octobre 2024
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Barbara Spigola, « Les premières étapes de la pénétration romaine en Cisalpine centrale et occidentale (295 – 143 av. n. è.) : une relecture des sources », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.aeee0e...
L’étude considère l’expansion romaine en Cisalpine occidentale et centrale, dans la période comprise entre 295 av. n. è., bataille de Sentinum, à laquelle participent des Gaulois dans rôle défensif, et 143, date de la première intervention de Ap. Claudius Pulcher contre les Gaulois Salasses. Après 143 les attestations concernant les interventions romaines en Italie nord-occidentales se font plus rares, jusqu’à l’époque césarienne et augustéenne.La documentation analysée est constituée pour la quasi-totalité de textes gréco-romains. Sauf quelques exceptions (Polybe, Caton l’Ancien), la plupart des récits sont écrits par des auteurs largement postérieurs aux faits (Tite-Live, Plutarque, Dion Cassius / Zonaras, Paul-Orose). L’écart chronologique entre certains récits et les événements traités est donc considérable.Un autre élément caractéristique de cette documentation est l’adoption d’un point de vue « ethnographique » extérieur, correspondant à la perception que les Romains avaient des peuples gaulois ou ligures, mais qui ne reflète pas exactement la réalité des faits. Il s’agit d’une véritable « rhétorique de l’altérité », qui présente les Gaulois comme des barbares désorganisés, brigands et envahisseurs de la péninsule. L’image des Ligures – pillads ou pirates – est également altérée. Selon Caton l'Ancien, il s'agirait d'individus oublieux, ignorants, faux et frauduleux.L'historiographie romaine est en effet caractérisée par une perspective apologétique très prononcée. La propagande de guerre d’époque républicaine amplifie manifestement le danger représenté par les peuples de l'Italie septentrionale. La période augustéenne contribue, notamment, à élaborer des "topoi" littéraires, très récurrents dans la littérature latine d'époque impériale (par exemple l’hostilité du milieu alpin et des Celtes montagnards). Ces peuples sont toujours perçus comme les agresseurs des Romains et de leurs alliés, alors que c'est généralement Rome qui les attaque. Il est donc nécessaire de fournir une présentation de la documentation qui soit le plus possible critique et intégrale. Les informations transmises par les sources sont aussi vérifiées et reconsidérées sur la base des données archéologiques, numismatiques, topographiques et paléo-climatologiques, dont nous disposons.L’analyse ponctuelle de cette documentation met en évidence que la plupart des récits présentent une absence d’homogénéité sur plusieurs points, ainsi qu’un lexique flou et imprécis. Les « défauts » des sources sont si nombreux qu’on ne peut guère éviter le soupçon de manipulations presque systématiques.