30 octobre 2020
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Maya Corman, « Approche psychologique des personnes atteintes d'hémopathies et inscrites dans un processus de greffe de cellules souches hématopoiétiques (CSH) : identification des facteurs socio-psychologiques impliqués dans l’état de santé mentale et physique aux différents stades du processus et développement d’un programme d’intervention adapté », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.afe87b...
L’allogreffe de cellules souches hématopoïétiques, ou greffe de moelle osseuse, fait partie des traitements proposés pour enrayer la course d’hémopathies malignes telles que la leucémie aiguë. Cette intervention consiste à remplacer les cellules du sang malades par des cellules saines, grâce à un donneur compatible afin de maximiser les chances de réussite. Bien que l’injection du greffon apparaisse comme une intervention relativement simple, il n’en demeure pas moins que cet acte s’inscrit dans un processus qui commence bien avant l’intervention et qui a des conséquences durant les mois, voire les années qui suivent l’allogreffe. Ainsi, le parcours de soin du patient peut être divisé en trois étapes : l’avant-greffe, l’hospitalisation en secteur protégé et l’après-greffe avec le retour à domicile. On peut observer à ces différents stades une altération de la qualité de vie, la présence de symptômes de détresse psychologique, voire un état de stress post-traumatique (ESPT). Cependant, ces conséquences psychologiques peuvent différer d’un individu à l’autre suggérant que certains facteurs, autres que médicaux, pourraient influer les conséquences tant physiques que psychologiques de la greffe. C’est dans cette perspective et en s’appuyant sur le modèle Multidimensionnel Intégratif et Transactionnel de Bruchon –Schweitzer et Boujut (2014) ainsi que sur l’approche complète de l’état de santé mentale de Keyes et Lopez (2002), que quatre études ont été réalisées dans ce travail de thèse en psychologie de la santé. L’objectif était de mettre en avant les différents facteurs psychologiques protecteurs et délétères aux différents stades de la greffe sur la santé mentale et physique des patients, en mettant l’accent sur des facteurs peu explorés à ce jour et issus de la troisième vague des thérapies cognitives et comportementales telle que la thérapie d’acceptation et d’engagement. Après avoir validé une version française de l’échelle AFQ (article 1), il ressort de la première étude « psygreffe » que le niveau de bonheur avant la greffe contribue à une meilleure qualité de vie avant la greffe (article 2). La seconde étude psygreffe a mis en avant l’effet prospectif des préoccupations anxieuses durant l’hospitalisation sur la survenue d’un état de stress post-traumatique, et l’effet positif de l’esprit combatif sur le niveau de résilience et de bonheur cinq mois après la greffe (article 3). La troisième étude psygreffe a révélé que plus les personnes tendaient à être dans l’évitement expérientiel plus elles risquaient de présenter des symptômes d’ESPT, tandis que les patients présentant des scores élevés de non-jugement (une facette de la pleine conscience) avaient de moindre risques de présenter une telle symptomatologie (article 4). La quatrième étude psygreffe montre que l’expérience de changements de vie positifs dans la vie des patients après la greffe est loin d’être systématique. Les patients montrent plutôt un déclin de leur santé psychologique cinq mois après la greffe qui serait relié à un faible niveau d’acceptation (article 5). L’ensemble de ces résultats nous a amené à réfléchir et à proposer une intervention adaptée aux besoins des patients (i.e. une plateforme numérique) basée sur des interventions efficaces en psycho-oncologie et sur les thérapies basées sur internet. Dans cette perspective, un premier dispositif (i.e. DESP task) visant à remédier les biais attentionnels impliqués dans l’anxiété et la dépression a été élaborée et testé, dans un premier temps en laboratoire (article 6). La DESP a fait l’objet d’une déclaration d’invention (déclaration d’invention n°0487-UCADESPTASK). Proposer une continuité dans la prise en charge et tenter de pallier les obstacles inhérents aux spécificités du parcours de greffe s’avère essentiel pour améliorer la prise en charge des patients et les accompagner durant ce parcours