Les deux visages de la sécurité en Allemagne

Résumé Fr

Pour comprendre à quels dispositifs publics le terme " sécurité intérieure " renvoie aujourd'hui en Allemagne, il faut repérer le moment exact où le mot devient politique publique. Ce moment clef où le sens de " Sicherheit " prend son acception actuelle est la seconde moitié des années soixante-dix. Le terme vise alors à désigner les politiques de police engagées par le gouvernement social-démocrate de Willy Brandt (1969-74), poursuivies par son successeur Helmut Schmidt (1974-82). Pour acte de baptême, nous pouvons prendre l'ouvrage du fameux sociologue du droit Erhard Blankenburg, publié chez Suhrkamp en 1980, Die Politik der inneren Sicherheit. Par " sécurité " , il faut ainsi en Allemagne d'abord comprendre " sécurité intérieure ". Quelles réalités ce terme recouvre-t-il ? La notion veut en fait rendre compte d'une contradiction, il se veut précisément la synthèse de deux mouvements. Premier mouvement : " mehr Demokratie wagen " (" oser plus de démocratie " , leitmotiv du gouvernement Brandt) et " Ostpolitik " se rejoignent pour conduire à la démilitarisation des forces de police. Mais ce premier mouvement vient buter contre les événements sociaux, notamment contre le terrorisme qui, à l'époque, est un terrorisme intérieur. Deuxième mouvement, donc, celui d'une défense de l'Etat contre les menaces criminelles intérieures (et non plus extérieures comme au temps de la guerre froide). Deux mouvements (ancrage dans la société d'une police démocratisée, défense par l'Etat du monopole de la violence) convergent donc en une doctrine et des politiques, qui se rassemblent alors sous le nom de " sécurité intérieure ".

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