2006
Cairn
Ephraïm Harpaz, « Benjamin Constant et Chateaubriand : Epilogue », Revue d'histoire littéraire de la France, ID : 10670/1.agsofq
La comparaison entre les deux grands auteurs — Chateaubriand, Benjamin Constant — souligne l’engagement total de chacun d’eux dans deux causes politiques et culturelles différentes. Mais, du coup, c’est toute une époque qui surgit du passé, singulièrement double selon l’idéal de l’écrivain catholique ou la philosophie de l’auteur protestant. L’un cherche à défendre la famille royale et le droit des nobles féaux contre la bourgeoisie ; l’autre, aussi aristocrate que le cadet breton, prêche l’avenir mixte d’une monarchie constitutionnelle engageant la république bourgeoise. Les deux aiment la même divinité — Madame Récamier, qui adoucit leur philosophie politique. D’où le bon sens des deux protagonistes de s’ouvrir l’un vers l’impact forcé de la classe montante des bourgeois, l’autre vers un antagonisme moins féroce envers la royauté et une meilleure compréhension des voix du passé. René prépare la charte des privilèges, Benjamin Constant les libertés de l’individu face au pouvoir tributaire. L’un s’épanche sur la terre des privilégiés, l’autre sur l’individu inséré dans le système bourgeois de l’époque.