Que trouve-t-on dans une chambre d’enfant ? Un inventaire de la culture matérielle enfantine

Résumé Fr

Poster de chiens, de chats, de chanteurs ou de Pokémon, figurines de Naruto, de Dragon Ball ou de Totally Spies!, médailles sportives, toupies Beyblade, couettes à l'effigie des personnages de Cars, console DS, télévisions, montre à gousset, « photos des copines », T-Shirt Pucca, « cadeaux de la fête des mères », docteur Maboul, chevaux à bascule, « boule disco », cartes Dinosaures Kings, chaussons Spiderman, globes terrestres, hippopotames en peluche, sacs à main Dora, tirelires Blanche Neige, chaussettes Harry Potter… Voici, rapidement évoqués, quelques-uns des objets rencontrés à l'occasion de l'enquête 1 sur les « biens de l'enfants dans l'espace familial ». Au cours de cette étude qui a supposé, parmi d'autres protocoles, l'analyse de 36 chambres d'enfant sur le modèle de la « visite guidée » 2 par l'intéressé(e), plus de 500 objets ont été répertoriés, classés et analysés dans une base de données. Ce catalogage ne visait ni représentativité ni généralisation idéale-typique de la chambre d'enfant. Il s'est principalement attaché à cartographier les biens trouvés et évoqués en ces lieux pour en repérer des ensembles : jouets, jeux de société, jeux vidéo, décorations, instruments musicaux, fournitures scolaires, vêtements, mobiliers etc. L'attention a tout autant été portée sur le type d'objet que sur son usage ainsi que sur l'origine de son acquisition : héritage des parents, legs de la fratrie, cadeaux ou dons des ami(e)s, achat des grands-parents, acquisition par le biais d'argent de poche … toutes sortes de modalités ont été identifiées et codées. Après avoir rappelé les conditions de l'enquête, ce chapitre propose un inventaire des objets trouvés dans des chambres d'enfant et, au-delà d'un simple catalogage, étudie de façon relationnelle, à l'aide d'analyse de correspondances, la façon dont des biens matériels, en apparence hétérogènes, font système, sens, cohérence. En effet, si par sa diversité cet inventaire n'est pas sans évoquer celui de Prévert (on peut aussi penser à la chanson de Boris Vian La complainte du progrès), il s'agit de saisir les dynamiques sociales communes (genre et milieu social), culturelles (structures familiales) et économiques (l'importance des objets sous licence notamment) à l'oeuvre qui configurent la présence, l'importance (ou non), la nature, voire l'existence, d'une culture matérielle enfantine. Importés par les parents, les grands-parents ou par les enfants eux-mêmes, parfois même hors de toute connaissance explicite des acteurs (« je ne sais pas d'où ça vient » ont maintes fois précisé adultes et jeunes), les biens de l'enfant apparaissent comme de pertinents indicateurs sur les « styles éducatifs » 3 en cours dans les familles, sur leurs modes et leurs rapports à la consommation de