15 janvier 2019
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Line Cottegnies, « "Le théâtre baroque du corps démembré dans "The Duchess of Malfi"" », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.ahuvha
The Duchess of Malfi est saturée d'images de corps démembrés qui constituent l’essence même de l'imaginaire poétique de Webster et de sa poétique macabre. Ce retour qu'on pourrait qualifier de hantise du corps en morceaux dans l'intrigue comme dans la texture poétique peut se lire comme un symptôme d’une épistémè en crise, où les liens et similitudes qui tenaient encore ensemble l’ordre du monde ont cessé d'être opérants : un monde où la métaphore d'un corps politique organique a cessé d'avoir cours, et où l'analogie entre le microcosme du corps humain et le macrocosme du cosmos a perdu son pouvoir symbolique de signifier l'unité profonde de la création par l'enchâssement des ressemblances. La cohérence métaphorique de la pièce tient à la dissémination dans le texte de ces signifiants corporels du corps démembré. En résulte une sur-sémantisation, lorsque que le texte attire l'attention sur ses répétitions, tandis que les mots pour désigner les parties du corps deviennent signes polysémiques et toujours potentiellement proleptiques, pointant obstinément vers l'imminence de la mort et le surgissement du corps supplicié. Cet article s’intéresse aux ressorts de cette poétique « expressionniste », dont les effets sont parfois soulignés avec outrance par le biais de divers procédés. Le texte attire l'attention sur son propre travail de remotivation d'images qui relèvent souvent du lieu commun, voire de l'image figée.