1 septembre 2013
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Xavier Giudicelli, « Papillons, orchidées et bourdons. Polyglossie et vies esthétiques : les langues étrangères dans The Spirit Lamp (1892-1893) », HAL-SHS : littérature, ID : 10.4000/cve.930
Cet article a pour objet The Spirit Lamp, éphémère revue oxonienne, publiée entre mai 1892 et juin 1893 par le libraire-éditeur James Thornton et d’abord dirigée par J. S. Phillimore et Sandys Wason, puis par Lord Alfred Douglas (pour les six derniers numéros). Une des caractéristiques de ce périodique est qu’il contient, outre de nombreuses traductions, des textes écrits directement en langue étrangère. La présence des langues anciennes, et en particulier du grec est certes notable et correspond au lien déjà bien étudié entre Hellénisme et homosexualité à l’époque victorienne. Toutefois, la présence de langues vivantes, et en particulier du français, bien qu’il s’agisse de l’un des traits distinctifs de The Spirit Lamp, est en général passée sous silence par la critique. Ce travail a pour but de montrer que ce phénomène de polyglossie participe de la translation et du codage de désirs autrement indicibles. L’esthétisation des désirs conduit à la construction d’une identité homosexuelle et contribue de ce fait à brouiller la frontière entre art et vie. Le passage par la langue étrangère permet d’articuler et, partant, de faire exister ces désirs. Au-delà, cette étude souligne que nous assistons dans The Spirit Lamp à la création d’une langue hybride, fondée sur un cadre de référence autre que britannique et, ainsi, à une forme de défamiliarisation de la langue anglaise.