L’égalité divisée. La race au cœur de la ségrégation juridique entre citoyens de la métropole et citoyens des « vieilles colonies » après 1848

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2015

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Silyane Larcher, « L’égalité divisée. La race au cœur de la ségrégation juridique entre citoyens de la métropole et citoyens des « vieilles colonies » après 1848 », Le Mouvement Social, ID : 10670/1.akiby6


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Si conformément au principe révolutionnaire d’universalité des droits du citoyen, l’abolition de l’esclavage par la Seconde République en 1848 a institué la pleine égalité civile et politique entre citoyens (masculins) de la métropole et ex-esclaves des « vieilles colonies » de plantation, l’égalité civique n’a pas pour autant impliqué la pleine inclusion de ces derniers dans la « communauté des citoyens ». En effet, la pleine citoyenneté française s’est accompagnée aux Antilles (mais aussi en Guyane et à la Réunion) d’un régime législatif dérogatoire au droit commun. Ces « colonies de citoyens » furent régies par un système juridique les plaçant en dehors des lois applicables en métropole. Quelle « pensée d’État » permit, au long de plusieurs régimes politiques distincts, de faire tenir ensemble l’articulation improbable entre égalité civique et exception ? La division de l’égalité qui fonda une mise à l’écart des égaux ou une « altérisation » des citoyens des colonies post-esclavagistes s’est articulée dans la longue durée à une politisation des héritages historiques et anthropologiques des personnes originaires des îles à sucre. En abordant l’histoire de la citoyenneté française à partir de sa marge coloniale caribéenne, on observe ainsi qu’elle ne fut pas toujours unitaire ni abstraite : elle s’est articulée à une fabrique spécifique de la race. La logique de racisation par laquelle s’opéra la coupure entre Français de la métropole et Français des « vieilles colonies » anciennement esclavagistes ne se comprend pas simplement en termes coloristes, mais plutôt en termes « civilisationnels » – en termes « culturels » dirions-nous aujourd’hui.

In keeping with the revolutionary principle of universal civil rights, the abolition of slavery by the Second French Republic in 1848 instituted full civil and legal equality for all (male) citizens of Metropolitan France and former slaves from the “Old Plantation Colonies”. However, civil equality did not entail the former slaves being fully included in the “community of citizens”. Indeed, full French citizenship in the French West Indies (as well as in French Guiana and on Reunion Island) came hand in hand with a special legislative regime. These “colonies of citizens” were governed by a legal system that kept them outside the laws applicable in Metropolitan France. What “conception of the State” enabled the unlikely reconciliation of civil equality and legal segregation, across several different political regimes ? Over the long term, the divided equality at the basis of a system whereby equals were excluded or the citizens of former slave colonies were regarded as separate or “other” was combined with a politisation of the historical and anthropological heritage of people from the sugar islands. By looking at the history of French citizenship from the standpoint of its colonial Caribbean margin, we thus note that it was not always unified or abstract : it was articulated around a specific fabrication of race. The rationale of racialisation whereby Metropolitan French citizens were cut off from the French of the former slave “Old Colonies” cannot be understood simply in terms of skin colour, but rather in terms of “civilisation” – or nowadays, we might say “culture”.

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