1973, le coup d’Etat en Uruguay : des mémoires à vif, une histoire à écrire

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Damien Larrouqué, « 1973, le coup d’Etat en Uruguay : des mémoires à vif, une histoire à écrire », Archive ouverte de Sciences Po (SPIRE), ID : 10670/1.akow8m


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Le 27 juin 2013, à l’occasion du quarantième anniversaire du coup d’Etat, députés et sénateurs uruguayens se sont réunis en Assemblée générale pour réaffirmer leur attachement aux valeursdémocratiques. Cette cession parlementaire extraordinaire a été présidée par le chef de l’Etat en personne, José Mujica, membre repenti du Mouvement de libération nationale-Tupamaros (MLN-T) et ex-otage de la dictature (1973-1985). Lors de cette cérémonie solennelle, les déclarations surprises de Ope Pasquet, sénateur du Parti colorado (libéral/conservateur) ont suscité la polémique et dégénéré en crise politique interne. Soutenu par quelques-uns, fustigé par beaucoup d’autres, il a ainsi reconnu la responsabilité de son parti dans l’avènement de la dictature. Elu président dans des conditions frauduleuses en 1971, Juan María Bordaberry, l’un des candidats du Parti colorado, restera dans l’histoire comme l’auteur du décret sanctionnant la dissolution du Parlement dans la matinée du 27 juin 1973. Au lendemain de cette repentance publique, le propre fils du président honni, le très droitier Pedro Bordaberry, leader de la branche majoritaire du Parti colorado baptisée Vamos Uruguay, a fait savoir qu’il n’approuvait pas les déclarations de l’un de ses colistiers. Plutôt que de chercher des responsables et de « discuter les événements d’un passé de plus de quarante ans », il est selon lui préférable de se concentrer sur la construction de « l’Uruguay démocratique des cinquante prochaines années ». Le sénateur Pasquet a par ailleurs été copieusement critiqué par l’ancien président de la République Jorge Batlle (2000-2005), lui aussi membre du Parti colorado, pour sa lecture partiale de l’histoire. Il lui a reproché de ne pas avoir rappelé que le vice-président colorado de l’époque avait, pour sa part, refusé de livrer le pays aux militaires et qu’une ultime déclaration du comité exécutif du parti avait dénoncé la rupture démocratique. Historien à ses heures, l’ancien président colorado Julio María Sanguinetti (1985-1990 et 1995-2000) a quant à lui présenté l’artisan du coup d’Etat comme un outsider sans trajectoire partisane, un leader ruraliste peu convaincu des traditions libérales uruguayennes ; en d’autres termes, un quasi-transfuge du Parti national (agrarien/conservateur). Le sénateur Pasquet a également étévilipendé par la famille du leader colorado Pacheco Areco (1967-1971) sous la coupe duquel ce petit pays, qui compte aujourd’hui trois millions et demi d’habitants et qui a longtemps été considéré comme « la Suisse de l’Amérique latine », a basculé dans l’autoritarisme.

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