30 juin 2022
Confidential until : 2027-06-30 , http://theses.fr/Confidential
Priscilla Guy, « L'autoreprésentation des femmes en cinédanse à l'aune de perspectives féministes : de la figure du cyborg vers une théorie de la déformation », Theses.fr, ID : 10670/1.al0lb0
À partir d'une épistémologie féministe intersectionnelle, je propose d'interroger les pratiques d'autoreprésentation des femmes en cinédanse en mettant en lumière les propos de huit artistes contemporain·e·s — Kijâtai-Alexandra Veillette-Cheezo, Manon Labrecque, Cara Hagan, Sonya Stefan, Emilie Morin, Paulina Ruiz Carballido, Kim-Sanh Châu et Jossua Collin Dufour — recueillis lors d'entretiens de fond, de même qu'en analysant leurs œuvres à l'aune de théories croisées. Ce corpus est mis en perspective grâce à un noyau généalogique original campé au tournant du 20e siècle qui permet de considérer Alice Guy, Loïe Fuller, Valeska Gert et Joséphine Baker comme constituant une genèse productive pour penser le développement de la cinédanse. Des artistes des avant-gardes new-yorkaises des années 1940 à 1985 — dont Marie Menken, Maya Deren, Shirley Clarke, Yvonne Rainer, Martha Rosler, Blondell Cummings et Amy Greenfield — agissent en tant que courroie de transmission entre les pionnières et les artistes d'aujourd'hui. Du point de vue théorique, ces pratiques autoreprésentationnelles sont problématisées à travers trois grands axes : d'abord, une historiographie critique des théories du regard au cinéma au confluent de considérations kinesthésiques; ensuite, une interrogation des implications politiques et esthétiques des mutations technologiques de l'image depuis la fin du 19e siècle en relation avec les corps dansants; finalement, une réflexion sur l'aspect collectif des pratiques d'autoreprésentation en cinédanse, malgré les divergences qui sous-tendent les œuvres au sein de constellations hétérogènes. En m'appuyant sur la figure du cyborg (Haraway, 1985), je déploie une réflexion qui prend le potentiel subversif et la nature intermédiale des pratiques d'autoreprésentation comme tremplin pour le développement d'une théorie de la déformation. Celle-ci se construit au fil des chapitres, jusqu'à se déposer dans un récit de science-fiction et d'autothéorie qui vient à la fois clore la thèse et relancer mes interrogations sur la virtualité des corps dansants.