AŞURE OR THE SEARCH FOR HARMONY an emblematic fasting dish in contemporary Turkey L’AŞURE OU LA RECHERCHE DE L’HARMONIE DANS LA DIFFÉRENCEun plat de jeûne emblématique dans la Turquie contemporaine En Fr

Fiche du document

Date

2023

Périmètre
Langue
Identifiants
Collection

Archives ouvertes




Citer ce document

Marie Hélène Sauner Leroy, « L’AŞURE OU LA RECHERCHE DE L’HARMONIE DANS LA DIFFÉRENCEun plat de jeûne emblématique dans la Turquie contemporaine », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.al0x88


Métriques


Partage / Export

Résumé En Fr

What is aşure? This porridge is sold all year round at muhallebici (dessert vendors) but is usually only prepared individually at home and distributed to neighbours from 10 Muharrem, the first month of the year in the Muslim lunar calendar, the date of which varies every year. The number of ingredients is important, at least seven, even twelve, but it is not fixed. But if there’s a lot of them, it's welcome. The main ingredients are whole wheat, rice, dried beans, chickpeas, dried fruit (figs, apricots, raisins, walnuts, almonds). While the ingredients vary by region, the "urban" version is relatively standardised. Commemorating the tragedy of Kerbela (Ashura) as well as the flood and Noah's Ark, this dish is made and eaten by both Sunni Muslims and Alevis (a heterodox religious minority, close to Shi'ism). There is also a similar version among Armenians (called Anouch abour, literally "sweet soup") offered in winter between 25 December and 6 January. In addition, the Ottoman Palace and Sufi centres used to distribute it in the past, and this practice is again being promoted by some centers. The mediatised distributions of aşure by politicians in recent years also underline its symbolic character. Abundance, generosity, giving: these are all characteristics that are immediately put forward when the subject is discussed. But inevitably, the reasons for making it are also given and, just as the number of foodstuffs varies from one interviewee to another, these reasons are not totally fixed either. In other words, everyone agrees on the importance of this dish and on the fact that it constitutes a fertile symbolic support, but the meaning attributed to it changes. Thus, at the hinge between the social, the imaginary and the religious, it concentrates a large number of signifiers that we will try to unravel here with the help of socio-anthropological and semiotic approaches. We will try to show how this emblematic dish with multiple signifiers is used for various purposes, which make it a sign.

Qu’est-ce que l’aşure ? Cette bouillie est vendue toute l’année chez les muhallebici (vendeurs d’entremets) mais n’est généralement préparée individuellement chez soi et distribuée aux voisins qu’à partir du 10 Muharrem, premier mois de l’année du calendrier lunaire musulman, dont la date varie tous les ans. Le nombre de ses ingrédients est important, sept au minimum, voire douze pour certains, sans qu’il soit fixe. Mais s’il y en a beaucoup, c’est bien vu. Les principaux ingrédients sont le blé entier, le riz, des légumineuses (haricots secs, pois chiches), des fruits secs (figues, abricots, raisins, noix, amandes). Si les ingrédients varient selon la région, la version « urbaine » est relativement standardisée. Commémorant tant le drame de Kerbela (Achoura) que le déluge et l’Arche de Noé, ce plat est confectionné et consommé à la fois par les musulmans sunnites et les alevis (minorité religieuse hétérodoxe, proche du chi’isme). Il existe également une version semblable chez les Arméniens (dénommée anouch abour, littéralement « soupe douce ») offerte en hiver entre le 25 décembre et le 6 janvier. Par ailleurs, le Palais ottoman et les centres soufis en distribuaient autrefois et cette pratique est de nouveau mise en avant par certaines confréries. Les distributions médiatisées de l’aşure par les politiques ces dernières années en soulignent également le caractère symbolique. L’abondance, la générosité, le don : ce sont toutes ces caractéristiques qui sont immédiatement mises en avant lorsque le sujet est abordé. Mais immanquablement également, les raisons de sa confection sont données et, tout comme le nombre d’aliment varie d’un interlocuteur à l’autre, ces raisons ne sont pas non plus totalement fixes. Autrement dit, chacun s’accorde sur l’importance de ce plat et sur le fait qu’il constitue un support symbolique fécond, mais le sens qui lui est attribué change. Ainsi, à la charnière entre le social, l’imaginaire et le religieux, concentre-t-il un grand nombre de signifiants que nous allons essayer ici de démêler en nous aidant des approches socio-anthropologiques et sémiotiques. Nous tenterons de montrer comment ce plat emblématique aux signifiants multiples est utilisé à des fins diverses qui en font bien un signe.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Exporter en