2011
Cairn
Bernard Quelquejeu, « De quelle universalité les droits de l'homme relèvent-ils ? », Revue des sciences philosophiques et théologiques, ID : 10670/1.amant1
L’universalité des droits de l’homme, tels qu’ils ont été formulés dans la Déclaration universelle de 1948, fait aujourd’hui l’objet de contestations au sein de diverses institutions nationales et internationales. L’auteur examine les plus courantes d’entre elles et met en valeur l’insuffisance des répliques présentées. Il est donc nécessaire de reformuler la question : non plus celle de savoir si les droits de l’homme sont universels ou non, mais celle de définir à quelle sorte d’universalité les droits de l’homme, dans leur formulation de 1948, peuvent prétendre. Leur diversité de nature amène à conjecturer qu’ils ne relèvent pas tous de la même universalité. Il est cependant possible d’éclairer le cœur de la question en analysant le statut grammatical et logique de l’article premier de la Déclaration de 1948, qui occupe une place architectonique et prend une valeur de fondation. L’examen attentif du statut logique des principes généraux du droit – et singulièrement du principe de la présomption d’innocence – permet de conclure qu’il s’agit d’un énoncé régulatif, qui explicite les attitudes contrefactuelles de toute personne s’engageant dans une pratique de communication, et qui possède donc une teneur spécifique d’universalité : celle-ci renferme, indissolubles, à la fois une attestation et une requête. L’universalité des droits de l’homme, à la fois réelle et potentielle, possède donc les richesses et les limites d’une identité herméneutique.