La manie sublime de Robert Schumann

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Le Carnaval princeps, signature musicale de Schumann sous les noms et les notes d’Eusebius et Florestan, met en œuvre, entre fête des doubles (carnaval musical) et « fête du moi » (doublure mythique du Davidsbund littéraire, masque mais aussi arme du combat critique militant), une manie bien tempérée, par le recours à l’humour, qui regagne sur l’humeur noire l’humeur enjouée de l’enfance, et par le jeu entre les lettres et les notes. Cette dialectique souple, de réversibilité et de continuité dans la discontinuité, permet de créer une forme nouvelle. Le Carnaval contient en son centre son énigme que le compositeur-Œdipe se forge sur mesure, avec les Sphinxes, rébus de lettres-notes qui lui permet de résoudre son conflit et donne la clé à la fois musicale et autobiographique de l’œuvre. L’objet perdu-non perdu de la mélancolie, la voix, se révèle alors être autant la voix incorporée surmoïque transfigurée par la métaphore de l’amour vivifiant les lettres de ses notes (« Urthemas de Clara »), que l’ innere Stimme extime, présente-absente, qui sait se faire entendre aus der Ferne, « comme venue de loin » – que ne soutiennent plus que les seules notes. Elle préfigure peut-être la voix des hallucinations finales, ainsi que l’appel de mort qui précipite Schumann dans les eaux du Rhin à l’instar de la sœur noyée, comme pour s’immerger tout entier et définitivement dans ce remède dans le mal autant que mal dans le remède que fut pour lui la musique.

The Carnaval princeps is Schumann’s signature composition, under the names and notes of Eusebius and Florestan. This piece is both a celebration of doubles (the music of carnival) and a celebration of the ego Day (mythical lining Davidsbund , both a mask and a weapon for critical combat). It is the musical incarnation of a well-tempered mania, using humour (who changes black mood into playful mood of childhood) and play on letters and notes. These supple dialectics of reversibility and continuity within discontinuity allow the composer create a new form. At its core, the Carnaval has the œdipal enigma, with the “Sphinx ” - a puzzle of letters and notes that are both the musical and the autobiographical key to the piece. The lost-and-non lost object of melancholy - the voice - is the incorporated super-ego voice (“Clara’s themes”) but also the “extimate” innere Stimme of presence and absence, which can be heard aus der Ferne (“from far away”). It may foreshadow the voice of the final hallucinations, and death’s call that brings Schumann to the waters of the Rhine, like his drowned sister.

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