Les diagonales de #MeToo

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2019

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Marie Dominique Garnier et al., « Les diagonales de #MeToo », Psychologie Clinique, ID : 10670/1.asayxq


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Ce dossier présente trois réactions féministes et non-« universalistes » à l’ampleur mondiale du mouvement #MeToo. En contexte francophone, des voix critiques se sont fait entendre au nom d’une « liberté » républicaine, voix rassemblées sous le label de la « rubrique Deneuve ». Si un certain nombre de prises de paroles ont pu légitimement avoir lieu contre ce qu’il est convenu d’appeler la « domination masculine », il n’est pas certain cependant que, comme l’analyse Laure Murat dans Une Révolution sexuelle ? (2018) se soit écrit dans cette prise de parole « le prologue d’un livre qui commence ». Il n’est pas davantage certain que l’après-Weinstein soit l’occasion, comme elle l’écrit avec optimisme, de « réparer le contrat social ». Comment un contrat social peut-il être établi dès lors qu’une partie du « social » s’articule à ce que Deleuze et Guattari ont analysé comme un ensemble de « groupes assujettis » (par opposition à des groupes-sujets, c’est-à-dire des ensembles non identitaires, par exemple non assujettis à une identité de genre) ? Et comment penser les interstices d’un nouveau féminisme sans continuer à croire au concept binarisant de « domination », que les analyses de Michel Foucault ont revisité de façon convaincante pour lui substituer un tout autre niveau d’analyses, à savoir celui d’une microphysique du pouvoir ? Comment repenser le corps social dessiné par un « après #MeToo » en lui inventant un contre-discours qui ne se laisse pas prendre au piège de notions et de catégories oppositionnelles simplistes ?Les trois lectures présentées ici émanent de champs disciplinaires différents.Dans une perspective féministe non binaire qui décrypte les différences majeures entre les mobilisations post-1968 et les luttes présentes, Marie-Dominique Garnier interroge la notion désormais centrale de consentement dans la pensée française, Annie Benveniste revient sur la médiatisation en France de #MeToo un an après, et Monique Selim dévoile les enchaînements sémantiques et conceptuels qui travaillent au succès de #MeToo.

The short essays collected here present three feminist, non-« universalist » reactions to the global #MeToo tidal wave. Critical voices in France were raised in the name of the Republican value of liberty in opposition to the movement, forming the so-called « Deneuve tribune ». While #MeToo has been the occasion of a legitimate empowerment of women against masculine domination, one may doubt that the liberation of women’s voices on the subject of abuse will mark the opening of a new chapter in the history of a Sexual Revolution, to quote Laure Murat’s recent essay. Nor is there any certainty that, as she optimistically argues, any « social contract will be restored » in the aftermath of the Weinstein scandal.How can a social contract be established if the « social » rests on what Deleuze and Guattari haved analyzed in terms of subjected groups (as opposed to subject-groups, groups for example freed from a subjugation to gender identity ?) How can one devise new feminist openings without resorting to binary concepts such as « domination », which Michel Foucault has critically re-addressed as a microphysics of power ? How can a society be reshaped in the aftermath of #MeToo by discourses of resistance to the seductions of reductive categories ?From different disciplinary angles ranging from anthropology to philosophy and gender studies, the three writers – Annie Benveniste, Monique Selim and Marie-Dominique Garnier – offer a critical genealogy of the #MeToo movement as well as a reflexion on the time convergence constructed by French media. The essays reappraise today’s conceptualizations from a non-binary feminist perspective, highlighting in particular the differences between post-1968 activism and current action.

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