La vie du genre des cadres de santé formateurs dans l’activité de supervision du raisonnement clinique des étudiants en soins infirmiers

Résumé 0

L’évolution de la profession infirmière se caractérise par « une longue marche hésitante vers la reconnaissance des compétences et l’affirmation de la part d’autonomie dans les soins» (Belpaume, 2009, p. 43). Le développement du raisonnement clinique permet d’asseoir cette autonomie, mais reste « un concept difficile à cerner dans le processus de la supervision clinique en milieu de soins » (Dabrion, 2011, p. 41), y compris pour certains cadres de santé formateurs qui réclament davantage d’harmonisation dans les pratiques de supervision des étudiants. En effet, le manque d’unité de la littérature consacrée au jugement clinique contribue à la difficulté d’accéder à l’activité cognitive des sujets.En choisissant l’angle de l’analyse de l’activité, nous1 proposons dans ce mémoire de « passer au crible la pensée » (Vygotski, 1994, p. 226) des formateurs afin de décrire leurs stratégies visant à favoriser l’apprentissage et le développement des capacités de raisonnement clinique des étudiants lors d’une activité de supervision réalisée en stage. Le choix du courant théorique de la clinique de l’activité et l’identification précise d’un dispositif de recherche technologique transformeront cette activité de supervision vécue en objet d’une nouvelle expérience revécue afin de décrire, non seulement l’activité réalisée, mais aussi et surtout, le réel de cette activité de supervision, incluant « ce qui ne se fait pas, ce que l’on cherche à faire sans y parvenir […] ce que l’on aurait voulu ou pu faire, […] ce que l’on fait pour ne pas faire ce qui est à faire » (Clot, Faïta, Fernandez, & Scheller, 2000, p. 2). L’expression des formateurs sur leurs expériences permettra de décrire les conflits vitaux inhérents à cette activité et de faire émerger des controverses, rendant alors possible le développement de nouvelles possibilités. Les résultats de cette recherche permettent de décrire, avec des variantes de styles, huit préoccupations chez les deux formateurs confrontés à leur propre activité de supervision. Une confrontation croisée entre eux a également permis de suivre à la trace la validation de trois nouvelles variantes consacrant ainsi un élargissement de leur pouvoir d’agir.Ces résultats confirment que la volonté d’harmonisation des pratiques de supervision clinique des formateurs peut trouver une issue favorable par une démarche de développement de variantes nouvelles, favorisant ainsi le renforcement du genre professionnel. Ce renforcement encourage l’émergence de styles complémentaires, à même d’inscrire cette pratique dans un cercle vertueux et de renforcer sa vitalité à plus long terme.