2019
Cairn
Dominique Poirel, « L’histoire, l’allégorie et la théologie », Communio, ID : 10670/1.avd3y8
Le Moyen Âge est souvent présenté comme correspondant à un tournant important de l’exégèse biblique, lorsque celle-ci, délaissant la lecture allégorique de l’Écriture, s’attache à développer une approche littéraire et théologique du texte, dont la théorie des « quatre sens de l’Écriture » serait l’expression. Cependant, l’étude de l’oeuvre d’Hugues de Saint Victor permet de remettre en question une telle opposition entre lecture allégorique et recherche du sens littéral. Au xiie siècle, la lecture chrétienne de l’Écriture est une science sacrée, multiforme et unitaire. Dans ce contexte, interprétation historique et lecture allégorique sont inséparables, la première constituant un préalable à la seconde, seule capable de faire émerger le sens du texte. Ce n’est qu’à partir du xiiie siècle que les différentes facettes de l’exégèse biblique vont progressivement diverger, jusqu’à constituer des disciplines indépendantes.