2023
Cairn
Marius Laurent, « Se tromper de patient, de côté, d’organe ou d’intervention : dix ans d’observation dans les hôpitaux français », Risques & qualité en milieu de soins, ID : 10670/1.azkupb
Objectif. Des événements indésirables graves tels que des erreurs de côté, d’organe, de procédure ou de patient se produisent encore malgré la mise en œuvre de mesures préventives. En France, nous décrivons les réclamations liées à de telles erreurs à partir de la base de données d’une des principales compagnies d’assurance. Méthodes. Une analyse rétrospective des sinistres déclarés entre janvier 2007 et décembre 2017 à Relyens, une compagnie d’assurance en responsabilité médicale (Sham), a été réalisée. Leur base de données a été interrogée à l’aide des mots-clés suivants: « mauvais côté », « mauvais organe » et « mauvaise personne ». Résultats. Nous avons recueilli 219 plaintes (0,4% du total des plaintes). Les principales spécialités concernées étaient l’orthopédie (34% des cas), la neurochirurgie (14%) et l’odontologie (14%). Les réclamations étaient liées à une erreur d’organe (44%), de côté (39%), d’identité (13%) ou de procédure (4%). Les entités juridiques impliquées étaient principalement les établissements publics (69%), suivis des établissements privés (19%) ou des médecins libéraux (10%). Le nombre moyen de réclamations annuelles a diminué de 20% depuis la mise en œuvre obligatoire de la checklist en 2010 (de 22 à 17,5 événements par an). Les principaux facteurs de risque identifiés par le protocole ALARM étaient des facteurs liés à l’équipe (87%) ou à la tâche à accomplir (78%). Un facteur de causalité directe était impliqué dans 20% des dossiers, le principal étant l’organisation, (43%) étroitement liée au dossier médical (36%). La plainte a été résolue par conciliation dans 69% des cas, et par voie judiciaire dans 30% des cas. L’indemnisation était plus élevée lors d’un règlement judiciaire. Conclusions. Les erreurs chirurgicales liées à un mauvais côté, un mauvais organe, une mauvaise procédure ou un mauvais patient sont rares, mais tout à fait évitables par l’instauration d’une culture de sécurité.