8 mars 1998
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Récit de vie de Harkis
Mathias, Grégor, enquêtes réalisées dans le cadre d'une convention entre l'Université de Provence et l'Association des Anciens des Affaires Algériennes. Pour toute utilisation du corpus, il conviendra de contacter M. Mathias par l'intermédiare de la Phonothèque de la MMSH. , Consultable sur autorisation
Grégor Mathias et al., « Témoignage d'un harki kabyle fils de noble sur les activités des SAS », Ganoub, archives sonores de la recherche, ID : 10670/1.b13d6f
D'origine kabyle, l'informateur exerçait la profession de commerçant avant 1954. Il s'engage en tant que moghazni en 1957 par réaction aux interdits et abus du FLN (interdiction de fumer et de boire de l'alcool). Il donne sa vision des SAS qu'il décrit comme des institutions administratives : les moghzanis répondaient aux besoins de la population locale en construisant des écoles, des routes … Ils assuraient la protection des villageois contre les rackets du FLN. Outre ses fonctions d'ordre civil, l'informateur participe également à des embuscades, des bouclages. Les moghaznis s'occupaient aussi des élections à l'exception du référendum de De Gaulle qui fut pris en charge par l'armée. Pas besoin d'élire les maires des villages, ils étaient si peu nombreux par peur d'être tués par le FLN que les volontaires étaient acceptés. Il qualifie le 19 Mars de journée de deuil. Le désarmement eut lieu en même temps que la dissolution des SAS au mois de juin. Il décrit le changement de comportement de la population à partir du mois de juillet, en citant ses amis contraints de lui parler en cachette. Les massacres de harkis commencent à se faire de plus en plus nombreux. Il décide alors de partir pour Alger et de s'exiler en France. Il n'est jamais retourné en Algérie et ne souhaite pas parler de son engagement à ses enfants.