26 novembre 2020
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Margot Bergerand, « L'éternel retour du « parc social de fait » », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.b36f50...
L'effondrement de trois immeubles à Marseille en novembre 2018 s'inscrit dans la longue série de drames qui a ponctué l'histoire de l'habitat dégradé. Depuis novembre 2018, entre autres catégories, la notion de « parc social de fait » émerge à nouveau dans le discours des techniciens, élus, associations et journalistes commentant le drame. Le présent article revient sur l'émergence historique de cette notion comme problème et catégorie de l'action publique. Productions institutionnelles (rapports, commission, textes de loi, etc.) et intérêt médiatique se répondent dans ce processus de construction du problème et de « mise à l'agenda » (Hassenteufel 2010) du « parc social de fait ». Une analyse des occurrences de la notion dans ces sources, ainsi que dans une sélection d'écrits académiques depuis les années 1980, permet de comprendre ce processus de mise à l'agenda, qui fait l'objet de luttes définitionnelles entre des acteurs aux intérêts multiples. Malgré les remises en cause que la notion de « parc social de fait » suscite régulièrement pour son imprécision, sa polysémie ou sa description euphémisée de conditions de vie insalubres, les appropriations concurrentielles dont elle fait l'objet assurent sa pérennité. Ces controverses éclairent les enjeux qui touchent au marché de l'habitat précaire et nous permettent de proposer une utilisation heuristique de la notion « d'habitat social de fait » pour mieux identifier et interroger les processus qui s'y déploient.