3 octobre 2024
http://hal.archives-ouvertes.fr/licences/copyright/ , info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Tony Bernard et al., « Faire numérique ensemble », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.b3fb61...
La digitalisation croissante de la société et de l’économie, des services publics, de la santé et des secteurs sociaux est appelée à se renforcer. Elle peut être source d’opportunités pour l’emploi et l’économie, en augmentant la productivité globale, en structurant des filières liées au numérique et en créant de nouveaux emplois dans le secteur. Elle peut favoriser de nouvelles sources de revenus en améliorant l’employabilité et en favorisant l’entrepreneuriat, augmenter le pouvoir d’achat des consommateurs via le e-commerce et l’économie collaborative, et générer des coûts évités pour l’État. Mais le numérique est aussi un amplificateur d’inégalités et de fragilités. Les inégalités face au numérique sont le prolongement des inégalités sociales, territoriales, scolaires, générationnelles, économiques, elles révèlent des difficultés d’accès à la santé, aux droits et aux services publics. Elles reproduisent les discriminations et les inégalités entre les genres, elles créent un monde du « tout connecté », qui exclut les plus vulnérables. Le défi de l’inclusion numérique est d’abord celui de l’accès aux outils et à une connexion, celui des usages et des compétences numériques, des pratiques et des modes de vie connectés, et des capacités à participer à ce nouveau monde. C’est aussi un défi d’appropriation des solutions d’inclusion et de médiation numériques, tant par les bénéficiaires que par les multiples acteurs qui les mettent en œuvre. La nécessité d’une plus forte collaboration entre le secteur privé, les collectivités et les associations aux côtés de l’État, implique par ailleurs de piloter plus efficacement les politiques d’inclusion numérique et l’organisation de l’écosystème, grâce au partage de données, à l’évaluation et la mesure d’impact des programmes. Car la mesure d’impact satisfait le besoin de preuves de l’impact des projets, pour convaincre les pouvoirs publics et les financeurs, harmoniser les pratiques et parler un langage commun, valoriser les résultats probants et les leçons à en tirer. Elle se joue dans nos territoires dans tous les domaines de la médiation, pour mieux comprendre les besoins et les pratiques des bénéficiaires et imaginer de nouvelles solutions plus adaptées. Elle peut également stimuler des démarches de co-innovation avec les publics fragiles, d’abord en les intégrant dans les processus d’apprentissage et d’expérimentation de solutions d’inclusion numérique, et en les associant à la définition des indicateurs, pour garantir leur pertinence, leur adéquation aux réalités de terrain et leur bonne compréhension par l’ensemble des acteurs. Ce rapport propose un regard nouveau sur l’inclusion numérique, à travers le prisme de la mesure d’impact et de l’évaluation des projets, en partant du point de vue des publics éloignés du numérique et des organisations à l’origine d’innovations sociales, en considérant l’hétérogénéité des situations d’exclusions. Il aboutit à un référentiel d’indicateurs partagés de mesure d’impact pour tout le secteur, fruit du travail collectif des nombreux acteurs ayant participé au groupe de travail. Il dresse aussi un ensemble de recommandations à destination des pouvoirs publics, en vue d’affiner la lisibilité de l’offre des écosystèmes locaux, en favorisant des solutions plus intégrées et les démarches « d’aller-vers » les publics les plus vulnérables, en simplifiant les démarches et en encourageant leur design inclusif et participatif. Il propose des pistes pour accélérer la professionnalisation du secteur, mutualiser les investissements et les infrastructures, hybrider les modèles d’action et de financement de l’inclusion numérique…