26 décembre 2017
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Raymond Michel et al., « Avant-propos : Quand la (dé)sacralisation est à l’œuvre et fait œuvre dans l'expérience littéraire », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.3726/b12067
Le poète est peut-être celui qui délivre le sacré de toute sa gangue à la fois trop divine (en le déliant des dieux d'une religion) et trop humaine (en le dégageant de pratiques visant des pouvoirs). Il peut paraître curieux, sinon naïf ou présomptueux, selon le point de vue que l'on élira, qu'on nourrisse le projet de s'interroger sur « la sacralisation à l'oeuvre dans l'expérience littéraire ». En effet, l'intitulé d'une telle problématique n'est pas sans soulever, immédiatement, de multiples questions, sinon même de doutes sur la pertinence de celle-ci : Qu'entend-on par sacralisation et donc par sacré ? Existe-t-il des liens, autres que de synonymie relativement floue, entre le sacré, le divin et le religieux ? Y a-t-il une différence de nature, ou seulement d'intensité, entre le sacré et le profane ? Est-il justifié de sacraliser, aujourd'hui dans nos cultures occidentales, essentiellement, profanes, nos usages de l'art, et en particulier de la littérature, que ce soit dans ses modes de production, de réception et d'institutionnalisation ? Notre société n'est-elle pas, au contraire, caractérisée par un phénomène de désacralisation sans espoir de retour? Cette vocation du poétique à appréhender le sacré est peut-être plus qu'un fait contingent, mais l'essence même du poétique, comme l'essence du sacré serait de poétiser l'existence.