2015
HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société - notices sans texte intégral
Marie Hartmann, « Exposer au chaos, la monstruosité dans Le Jardin des Plantes de Claude Simon », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société - notices sans texte intégral, ID : 10670/1.b4a809...
La monstruosité met à mal les schémas anciens de la représentation. Elle pose avecinsistance la question de la figuration: comment exposer l'informe dont le principemême est qu'il résiste à l'appropriation rationnelle, à toute symbolisation et qu'ildéfait tout ordre imposé. Comme en réponse à cette monstruosité du XXe siècle,Claude Simon fabrique un texte-monstre qui intègre les traces des déflagrations del'époque mais les déplace sur le champ d'une composition poétique. Le Jardin desPlantes inscrit dans sa trame les béances et les violences de l'époque monstrueuse.Il rend compte des défaillances des systèmes de hiérarchisation et d'organisation; ilmet en échec toute tentative de synthèse et de classification. Hétérogène et profus,il déploie ainsi la résistance et la permanence de l'inhumain, de l'autre, du monstreen soi et tel qu'il peut apparaître sous des espèces diverses. Si le locuteur refuse designer les serments d'ivrognes d'humanistes réunis en congrès, la transposition duchaos du monde dans le désordre composé du récit peut cependant être lue commeun engagement éthique. Ce dernier conduit l'auteur à se confronter à ce monde éparsen le composant et le recomposant sans cesse dans l'espace des mots, au risque desa propre dissolution.