2024
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Laurent Goffart, « Cérébralisation des quantités mathématiques et des caractéristiques physiques en sciences neuronales : une évaluation critique », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.b4itbb
Au tournant du XXe siècle, Henri Poincaré expliquait que la géométrie est une convention et que les propriétés de l'espace et du temps sont les propriétés de nos instruments de mesure. Curieusement, de nombreux auteurs contemporains affirment que l’espace, le temps et même le nombre sont « codés » dans le cerveau, conséquence de l’évolution, de l’adaptation et de la sélection naturelle. Dans l'étude neuroscientifique de la production de mouvement, l'activité des neurones « coderait » des paramètres cinématiques : lorsqu'ils émettent des potentiels d'action, les neurones « parleraient » une langue porteuse de notions de mécanique classique. Dans cet article, nous expliquerons que le mouvement d'un segment du corps est le produit ultime d'une mesure, un résultat numérique filtré de multiples processus se déroulant en parallèle dans le système nerveux central et convergeant vers les groupes de neurones responsables des contractions musculaires. Le fait que les notions de mécanique classique décrivent efficacement les mouvements n’implique pas leur mise en œuvre dans le fonctionnement interne du cerveau. Leur pertinence par rapport à la question de savoir comment l'activité cérébrale permet de produire des mouvements précis est remise en question dans le cadre de la neurophysiologie des mouvements d'orientation du regard vers une cible visuelle.