2021
Richard Hillman, « Jacques VI et Ier et la réanimation de l’histoire à la française », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.b4z9b9
Cet article porte sur la tragédie de _La reine d'Escosse_ d'Antoine de Montchrestien (1601-1604), dans son contexte à la fois historique, politique et littéraire. En analysant la structure de la pièce, remarquablement équilibrée entre des représentations positives et négatives de la reine Élisabeth d'Angleterre et de Marie Stuart, ainsi que l'utilisation des sources, on peut comprendre la pièce comme une tentative de rétablir la tragédie historique, après la période intrinsèquement "tragique" des Guerres de religion, sur de nouvelles bases esthétiques "neutres", éloignées d'un engagement politique quelconque. C'est cette idée qui aurait rendu possible le projet de Montchrestien d'obtenir avec son pièce la faveur du roi d'Angleterre et d’Écosse, Jacques I et VI, le fils de Marie Stuart, sans prendre parti politique. Cette entreprise, qui a rencontré un succès mitigé, fut d'autant plus délicate que Montchrestien a développé l'aspect tragique du destin de Marie Stuart en puisant dans des sources lourdement chargées de l'idéologie de la Sainte Ligue, y compris _La Guisiade_ de Pierre Matthieu. Le défi était donc rien de moins que de tirer de la force émotionnelle du contexte historique original, tout en transcendant l'histoire même.