2022
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Maxime Pierre, « La tragédie grecque à l’épreuve du Japon : de l’underground au théâtre sans frontières », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.b56c5e...
Dès la Renaissance, les Européens se sont emparés de la tragédie grecque pour inventer leur propre théâtre. Cependant, d’autres réceptions et d’autres histoires sont toujours possibles. L’usage singulier de ce théâtre au Japon est exemplaire : tandis que la scène underground nippone questionne l’identité du pays dans les années 1960-1970, la tragédie grecque apparaît comme un lieu utopique qui se situe au-delà du clivage entre traditions scéniques locales et réalisme occidental. Tirant parti de cette altérité, les mises en scène de Watanabe Moriaki, Suzuki Tadashi, Ninagawa Yukio brouillent les repères identitaires. L’exportation de leur travail aux États-Unis, en Europe et dans les années 1980-1990 reconfigure les représentations culturelles de l’Est et de l’Ouest : Athènes et la Grèce ne sont plus une référence européenne, mais un point de rencontre entre Orient et Occident. À partir, des années 2000, les metteurs en scène japonais développent des collaborations régionales en Asie tout en intégrant les références culturelles d’Afrique ou des Amériques : dans le sillage de Suzuki, Miyagi Satoshi réinvente encore une fois la tragédie tragique qui prend désormais pour scène le monde.