2022
Cairn
Rosan Monza, « Guadeloupe : les élections présidentielle et législatives 2022, réalité des fractures, enjeux et perspectives géopolitiques », Hérodote, ID : 10670/1.b5f50c...
En Guadeloupe, un des trois départements français des Amériques (DFA), la question de l’évolution statutaire et donc de son affranchissement de la tutelle française est une vieille antienne qui faute d’adhésion populaire fait l’objet de procrastination de la part des acteurs locaux. Cela signe les contradictions qui traversent ces territoires mais surtout l’absence totale de projet géopolitique ambitieux partagé qui contribuerait à rendre plus lisible la nature des relations de cette supposée « rebelle Guadeloupe » avec la France. La Guadeloupe comme les autres DFA est écartelée entre le besoin d’une domiciliation de pouvoir et d’affirmation identitaire et le maintien d’un confortable niveau de vie qu’engendrent les transferts sociaux et budgétaires de l’État et autres avantages que lui confère son statut de département et de région ultrapériphérique européenne. Cet article tente d’appréhender l’irrationalisme apparent du comportement politique guadeloupéen. Tenter de saisir les enjeux de la géopolitique électorale guadeloupéenne c’est mettre à l’épreuve les contradictions et les forces centripètes qui agissent pour produire une territorialité atypique que l’on nomme « guadeloupéanité ». C’est surtout révéler la force, la prégnance des représentations historiques collectives qui nourrissent les discours démagogiques des syndicats anarcho-indépendantistes. Il en va de même du discours victimaire populiste que développe le Rassemblement national auprès d’une frange populaire de la population guadeloupéenne qui nourrit un ressentiment xénophobe de déclassé envers les populations étrangères. Ces dernières, loin de l’esprit d’assistanat en cours ici, entreprennent et réussissent pour faire vivre leurs communautés mais aussi maintenir des pans entiers de l’économie guadeloupéenne, notamment celle visant un minimum d’autonomie alimentaire et de production dans les filières que désertent les Guadeloupéens.