24 avril 2017
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Soro, « Frivolité, inscriptions féminines dans l’art contemporain », Octaviana, ID : 10670/1.b73545...
Une tendance esthétique peu valorisée de l’art contemporain consiste en la création d’œuvres caractérisées par une profusion de motifs girly (petites fleurs, pacotilles, coloris pastels etc.). Nous montrons comment cette esthétique mignonne se distingue du kitsch dont elle partage en partie le vocabulaire. A travers l’analyse d’œuvres de Lily van der Stokker, Martine Aballéa, Karen Kilimnik, Marc-Camille Chaimowicz, Sofia Coppola, ou Janaina Tschappe, notre recherche s’inscrit à la croisée de l’esthétique, de l’histoire de l’art et des études de genre. L'observation du contexte culturel occidental met en évidence le rejet de ce que nous appelons l’esthétique ornementale frivole comme proposition étrangère au canon faussement universel et résolument viril. L’étude de l’ornemental, que nous interrogeons sous le prisme du genre, permet de dégager le mouvement qui sous-tend l’esthétique à laquelle nous nous intéressons : libre et nomade, il n’est autre que celui de la fille, non envisagée ici comme thème mais comme artiste à l’œuvre. Au-delà d’un effet de transvaluation résultant de l’inscription d’une esthétique rejetée jusque là, une dimension cosmique (matérialisée par des figures mythiques et magiques), permet d’inaugurer une vision singulière de l’art et du monde, s’inscrivant comme la voie possible d’un réenchantement : il y a, au cœur de l’esthétique ornementale frivole, mises en puissance à travers un devenir-fille de l’artiste, des valeurs bienveillantes en mesure d’agir sur le réel. Dans cette logique, la débauche ornementale s’assimile à un don. Celui-ci peut être perçu comme une forme de gratitude par laquelle la fille répond au don de la vie.