2024
Cairn
Paul Dietschy, « Entre virilité martiale, hédonisme et consommation : Le corps du footballeur et son entretien sous le fascisme », Sociétés & Représentations, ID : 10670/1.b98352...
Le régime fasciste italien a voulu mener une véritable révolution anthropologique en mettant en place une ambitieuse politique sportive. Il s’agissait de construire l’homme nouveau fort et conquérant. Si la carrure de géant du boxeur Primo Carnera a incarné ce projet, les footballeurs de l’équipe nationale italienne l’ont surtout illustré par leur jeu viril et leurs deux titres mondiaux (1934 et 1938). Leur corps a fait aussi l’objet de tous les soins. Il est fragile en des temps où les antibiotiques ne sont pas encore disponibles et où la chirurgie reste parfois sommaire. Le corps des footballeurs est soumis à des entraînements réglés, à une hygiène personnelle stricte et à la surveillance de dirigeants qui veulent l’éloigner des tentations coupables par des mises au vert ou l’encadrement des moments de repos. Le corps est aussi un capital économique dans le football professionnel. Une carrière bien menée doit permettre d’épargner pour accueillir un négoce tout en jouissant de biens comme l’automobile ou de loisirs, notamment les vacances à la plage, encore peu accessibles au commun des Italiens. Le corps du footballeur de l’époque fasciste est donc ambivalent : il est le symbole des conquêtes à venir, mais aussi un moyen d’ascension sociale et d’accès à des formes de consommation que le fascisme promet aussi.