2003
Cairn
Geoffrey Owen, « Succès et échecs dans l'industrie électronique : les leçons ont-elles été apprises ? », Entreprises et histoire, ID : 10670/1.b9dy30
Les performances des constructeurs européens de matériel électrique ont été beaucoup plus mauvaises que celles de leurs concurrents américains et japonais depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. A l’exception notable des téléphones portables, très peu de sociétés européennes occupent les premiers rangs dans leur secteur.Dans les ordinateurs et les semi-conducteurs, le retard européen s’explique en partie par le faible niveau de la demande intérieure dans les années 1950 et 1960, lorsque ces deux industries commençaient à prendre forme. Les constructeurs américains ont été aidés durant cette période par des commandes importantes du gouvernement américain et par l’exploration spatiale. Ce désavantage a été aggravé par les politiques industrielles nationalistes qui ont conduit à une fragmentation du marché européen. Dans les années 1970 et 1980, alors que les commandes du gouvernement américain diminuaient en importance, l’industrie européenne fut pénalisée par l’absence de facteurs institutionnels – tels qu’un accès facile au capital-risque – qui facilitèrent la croissance de start-ups telles qu’Intel ou Apple.L’autre échec notable des entreprises européennes est dans l’électronique grand public, où la plupart des firmes ne réussirent pas à faire face à la concurrence japonaise. Ici aussi, le problème vint en partie de la fragmentation du marché européen, conséquence de l’adoption de normes de diffusion incompatibles.Une reprise partielle se produisit dans les années 1980 et 1990, avec la spécialisation croissante des entreprises européennes dans des segments étroits du marché de l’électronique où elles jouissaient d’un avantage concurrentiel. De plus, grâce à la création du marché unique et d’autres réformes au sein de l’Union Européenne, certains handicaps de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis disparurent.